Rendez-vous incontournable des printemps québécois, la cabane à sucre est ancrée dans la tradition populaire, pour le plus grand plaisir des petits et des grands. Mais d’où nous vient ce temple bucolique à la gloire du sirop d’érable ?
Les mois de mars, avril et, les bonnes années, les premiers jours de mai, se déroule ce que l’on nomme au Québec le « temps des sucres ». Ce temps de réjouissances qui marque (généralement) la fin de l’hiver et l’alternance des températures, positives en journée et négatives la nuit, est aussi celui de la récolte de l’eau d’érable : la première étape de fabrication de celui que l’on appelle « or blond ».
On ne présente plus le sirop d’érable, ce nectar si typiquement québécois dont on badigeonne ses crêpes, dont on arrose son yaourt et qui fait ici office de véritable substitut au sucre en pâtisserie. Bien plus qu’un simple produit, il est une icône nationale. Mais pour en prendre pleinement la mesure, rien ne vaut une visite à la cabane à sucre.
Justement, la cabane est l’occasion idéale de s’essayer à certains des plats aussi emblématiques que les fèves au lard, les oreilles de crisse, la soupe aux pois et le pudding chômeur. Tout ici est cuisiné au sirop d’érable : l’omelette au four et jambon fumé, pâté de viande et, clou du repas, tire sur la neige, cette bandelette de sirop saisie sur la glace et que l’on enroule autour d’un batonnet de bois.
Du sirop dans l’eau
Alimentée par les plus vastes forêts d’érables au monde, la fabrication du sirop d’érable au Québec ne date pas d’hier. On raconte que les Autochtones sont les premiers à avoir transformé l’eau d’érable, selon un double processus de clarification à froid, puis d’épaississement de la sève, au contact de pierres chaudes.
Aujourd’hui, les deux tiers de la production mondiale de sirop d’érable proviennent du Québec, ce qui place la province au premier rang des producteurs et des exportateurs d’or blond. Mais il aura fallu attendre le 19e siècle pour que les cabanes à sucre fassent leur apparition. Historiquement, la cabane est le lieu où la sève d’érable est transformée en ses nombreux produits dérivés, et particulier la tire, le beurre d’érable, le sirop d’érable et le sucre d’érable. Située au cœur de l’érablière, la cabane était à l’origine l’endroit où les habitants venaient s’approvisionner en sucre. Rapidement, elle est devenue une source de revenus importante pour les habitants.
L’arrivée de la cabane
Peu à peu, la cabane s’est elle aussi transformée. Pour commencer, elle est devenue résidence secondaire pour les producteurs, aussi appelés acériculteurs, le temps de la récolte et au-delà. Puis, ces maisons rurales en bois ont commencé à accueillir le voisinage, la famille et les amis. Tous s’invitaient régulièrement pour y manger tout ce qu’il était possible s’assortir avec le sirop. Ces réunions, où se partageaient à la fois nourriture airs de musique, chants et danses, sont rapidement devenues des événements festifs de convivialité et de liberté, à l’abri des regards du clergé dominant à l’époque.
L’ouverture au public des cabanes à sucre, s’est fait tout naturellement avec la commercialisation du sirop d’érable. Et si les procédés de transformation de l’eau d’érable en sirop n’a pas tellement évolué au fil des ans, ces établissements se sont émancipés, dans le respect des traditions. Aux côtés des tables familiales, transmises de génération en génération, coexistent aujourd’hui de véritables terrains d’expérimentation pour chefs cuisiniers.
Mais avant toute chose, la cabane est encore et toujours un prétexte pour faire bombance entre amis et mettre enfin un terme à l’hiver québécois autour d’une cuisine généreuse et réconfortante. Petits conseils aux amateurs : veillez bien à vous rendre dans une érablière pour profiter pleinement de l’esprit cabane et réservez sans attendre votre tablée tant qu’il est temps : le temps des sucres est compté ! Pour trouver celle qui saura combler vos rêves de sucre, rendez-vous sur le répertoire des établissements québécois !