Mieux intégrer les immigrants au Québec
Le Québec aurait tout intérêt à bien intégrer les immigrants sur son territoire d’après une récente note socio-économique de l’Institut de la recherche et d’informations socio-économiques (IRIS).
L’étude montre qu’en 2006, 51% des immigrants très récents au Canada de 25 à 64 ans (établis au Canada depuis moins de 5 ans) détenaient un diplôme universitaire. Ce taux s’élevait à 19% pour les Canadiens d’origine.
Mais malgré des niveaux de scolarité plus de deux fois supérieurs à ceux des natifs, le portrait socio-économique des nouveaux arrivants est marqué par
une situation d’inégalité sociale avec des revenus inférieurs et un taux de chômage supérieur à ceux des natifs. En 1980, les immigrants au Canada gagnaient en moyenne 85% du salaire moyen des Canadiens, ce taux a chuté à 65% en 2005. En 2006, le taux de chômage des 25-64 ans nés au Canada était estimé à 4,9% alors qu’il était de 11,5% pour les immigrants très récents.
Une situation plus compliquée pour les immigrants au Québec
La situation des immigrants au Québec serait même pire selon cette étude de l’IRIS : « Avec des taux de scolarisation largement plus élevés que la moyenne des natifs du Québec,
les immigrants affichent des taux de chômage 2 à 3 fois plus élevés et d'importantes différences salariales ». Ce clivage étant encore plus important pour les immigrants venant des nouveaux bassins d’immigration (Asie, Afrique, Amérique Centrale et du Sud).
Pour expliquer cette situation, les chercheurs de l’IRIS avancent plusieurs arguments. Premièrement,
le problème de la non-reconnaissance des diplômes étrangers, nettement plus important au Québec que dans les provinces canadiennes, notamment l’Ontario et la Colombie-Britannique. Le Québec est la province canadienne où la probabilité que l'expérience de travail étrangère soit reconnue est la plus faible (32%).
Ensuite, les auteurs de la note expliquent également cette situation par
une mauvaise application des politiques d’intégration et la discrimination au travail. « Un exemple patent de discrimination systémique est celui du mode de recrutement par bouche-à-oreille. Sans qu’une telle pratique indique nécessairement une attitude raciste, il n’en demeure pas moins qu’elle tend à exclure les nouveaux arrivants qui, en raison de leur capital social moins élevé, peuvent plus difficilement s’insérer dans des réseaux socioprofessionnels. Loin d’être un facteur marginal, cette méthode informelle de sélection de la main-d’œuvre est la plus fréquente pour 70 % des employeurs »,démontre l’étude. Il y est également précisé que « de récentes études menées à Toronto et à Montréal ont montré que la perception d’être la cible de discrimination est plus importante chez les immigrants du Québec (21,8 %) que chez ceux de l’Ontario (17,1 %). »
Des solutions pour mieux intégrer les immigrants au Québec
Néanmoins, l’IRIS propose des solutions afin de mieux intégrer les travailleurs venus d’ailleurs. «Je sais que l’immigration n’est pas le remède pour résoudre tous les maux du Québec, mais je crois que ses contributions au développement économique et social seraient plus efficaces si les programmes d’adaptabilité professionnelle et de lutte contre la discrimination étaient renforcés».
Les auteurs proposent ainsi de
sensibiliser les ordres professionnels aux difficultés que rencontrent les immigrants, de
renforcer les programmes de stage et de mentorat et de
mettre à jour le programme de mise à niveau ou d’adaptabilité des compétences.
Selon les statistiques émises par l’IRIS, si les compétences des personnes immigrantes étaient pleinement reconnues,
l’économie canadienne gagnerait l’équivalent de 370 000 travailleurs. Les revenus des immigrants augmenteraient alors de
30,7 milliards $, soit 2,1 % du PIB.
Pour consulter l'intégralité de l'étude :
www.iris-recherche.qc.ca/publications/l%E2%80%99integration-des-immigrants-et-immigrantes-au-quebec