Sébastien Maussion est thérapeute en relation d’aide, formé à l’approche non directive créatrice (ANDC).
Il vit à Montréal depuis 8 ans où il changé de voie après une carrière dans la restauration. Bien au fait de la réalité de l’immigration, il suit des personnes dans son cabinet et les aide à transformer leurs difficultés d’immigration en moteurs de transformation.
Peut-on identifier différentes phases dans le processus d’immigration ?
On pourrait grossièrement en délimiter 4. Pour commencer, il y a l’idéalisation du projet d’immigration. On imagine tout ce que ce nouveau départ va nous apporter, tout ce qu’on va trouver dans le nouveau pays d’accueil. On ne voit pratiquement que les côtés positifs.
Puis il y a la phase 2 qui est celle de la découverte. Pendant celle-ci, pas le temps de questionner le choix, on doit atterrir, trouver un logement, gérer les aspects administratifs liés à l’immigration, intégrer les enfants à l’école, trouver du travail. Bref, prendre ses marques.
Une fois que tout cela est mis en place, on entre dans la phase 3 qui est celle de la réalité. C’est souvent pendant cette période qu’on peut éprouver un sentiment de perte, des manques. On se rend compte de ce qu’on a laissé derrière nous sans encore s’apercevoir de ce qu’on va gagner. Cette phase est cruciale car c’est pendant celle-ci que l’isolement peut s’installer, que l’immigrant peut commencer à ne voir que les côtés négatifs de son immigration et entrer ainsi dans la phase 4 qui est l’idéalisation du retour.
Comment éviter l’isolement puis le rejet du pays d’accueil ?
Il y a deux choses à savoir. Premièrement que l’être humain a des réactions animales. S’il se trouve blessé, il cherchera à s’isoler pour se protéger. Dans un contexte de vulnérabilité comme l’est l’immigration, une mauvaise expérience avec un propriétaire, un employeur ou une simple remarque désobligeante peut conduire l’immigrant à s’isoler, se refermer sur lui-même, rejeter l’autre et le pays d’accueil. Cette réaction l’empêche de combler, entre autres, ses besoins de sécurité, d’affection, de reconnaissance créant ainsi un fossé avec la terre d’accueil. Ceci peut faire augmenter le désir de retourner dans un milieu sécuritaire et connu qui est, la plupart du temps, le pays d’origine.
La deuxième chose à prendre en compte, c’est que l’immigrant est souvent inconscient de la cause profonde qui l’a mené à son départ. En idéalisant son retour, il oublie les autres facteurs qui ont pu le mener à s’expatrier : vouloir s’émanciper de ses parents, s’autoriser à changer de profession, fuir une instabilité économique ou assurer un meilleur avenir à ses enfants. Ces facteurs referont surface même après un retour au pays.
Le désir de rentrer est souvent lié à des inconforts émotionnels, s’il faut savoir écouter ces ressentis, idéalement, il ne faudrait pas prendre de décision impulsive sous leurs influences, mais plutôt, écouter ces malaises et essayer de voir sur quels aspects particuliers ils se greffent. L’aide d’un professionnel peut-être précieuse à ce stade, car il nous apportera du soutien, nous aidera à y voir plus clair et surtout à mettre des outils en place dans notre quotidien pour plus de satisfaction.
Quels peuvent être certains de ces outils ?
Si on arrive à identifier les zones de mal-être, on peut essayer de trouver des solutions pour les soulager plus rapidement. La vie, c’est ici et maintenant ! Il faut essayer le plus possible d’écouter ses besoins et de trouver des manières d’y répondre dans son quotidien. Par exemple, l’hiver est pour moi une saison très difficile, j’essaie de compenser en économisant pour aller dans le sud à cette période.
Mon bonheur est lié à ma santé émotionnelle, c’est de ma responsabilité d’en prendre soin, peu importe l’endroit où je me trouve ! Essayez d’incorporer dans votre quotidien des zones de sécurité affective qui vous soutiendront et permettront de vous ressourcer afin de continuer à cheminer dans votre immigration. Les différentes phases du processus d’immigration sont une excellente opportunité d’introspection et de développement personnel. Aller chercher du soutien quand c’est nécessaire est la clé de votre mieux-être !