
Ce poste au HCR semblait tout désigné pour l’avocat de 34 ans, qui a fait quatre simulations à l’Organisation des Nations unies (ONU) lorsqu’il était étudiant. Il est pourtant tombé sur lui un peu par hasard.
Lorsqu’il travaillait au Centre communautaire juridique de Montréal, il a pris une année sabbatique afin d’entamer une maîtrise en droit international.
Au même moment, un stage s’est ouvert au HCR. « Ne penses-tu pas que tu es trop qualifié pour un stage ? », lui a-t-on demandé. « Oui, mais ça me tente quand même ! », a-t-il rétorqué.
Les origines qui influencent le présent
Son premier voyage en Syrie, en 2010, s’était déroulé en mode exploratoire, avant la guerre, avec son sac à dos et son ami. Sa seconde visite, en février 2025, à peine quelques mois après la chute du régime de Bachar al-Assad, a lieu avec le chapeau du HCR. Il s’y rend dans le but de soutenir l’équipe de communication, mais aussi de rencontrer des personnes qui ont été déplacées par le conflit et qui ont vécu de façon directe les conséquences des hostilités. « Je voulais apporter ces témoignages au Canada pour m’aider dans mon travail de plaidoyer ici avec les gouvernements, les grands donateurs, les médias canadiens, et pour permettre aux Québécois de comprendre davantage les réalités vécues des Syriens. »
Alors qu’en 2010, il s’était senti comme l’Occidental qui débarquait en Syrie, en 2025 la perception était toute autre.
« Je ne me suis jamais senti aussi accepté par les Syriens et aussi proche de leur identité. J’ai fini par comprendre qu’un peu tout le monde en Syrie a vécu le déracinement d’une manière ou d’une autre, a un parent quelque part dans le monde. Et que même si, géographiquement, tu n’habites pas le territoire syrien, tu peux quand même porter ton identité syrienne. »
Joey Hanna
L’importance de l’entraide
Alors que de nombreux pays ont réduit l’aide financière aux organisations internationales, ces dernières ont été contraintes de se serrer la ceinture.
Au HCR, cela se traduit par une réduction du tiers de son personnel au niveau international, et la centralisation des services sur le terrain, ce qui a inévitablement des conséquences sur les individus.
Joey Hanna salue les initiatives privées visant à soutenir le HCR, qui représentent environ 20 % du budget de l’organisation. Il mentionne au passage que les parties privées canadiennes, soit les individus et les entreprises, se classent parmi les 15 plus grands donateurs du HCR.
« Je pense que l’inclusion, la bienveillance, l’empathie, ça commence avant tout par l’écoute — sur les plans tant individuel que social. Écouter les récits des personnes réfugiées, des personnes demandeuses d’asile et aller chercher l’humain en eux avant les statistiques, les idéologies et la politique. »
Joey Hanna
En octobre, il a appuyé l’initiative de Safa Hammoud, intitulée « La Route du Jasmin », dont l’objectif était de soutenir les réfugiés syriens en parcourant la route entre Québec et Montréal à vélo pour faire écho à la distance entre les villes syriennes Damas et Palmyre.
Joey a donc enfourché son vélo et a pédalé aux côtés de 23 autres cyclistes pour amasser des dons. « Quand les citoyens se rassemblent et décident d’incarner une cause, je trouve que c’est le plus beau cadeau pour les gens qui travaillent dans le milieu », souligne-t-il.
L’avocat a de grandes ambitions au sein du HCR et cultive sans contredit l’espoir et la confiance dans les individus. « Je nous souhaite de nous écouter davantage. Je nous souhaite plus d’empathie l’un envers l’autre ».
Photo : Fournies par Joey Hanna









