La plupart des nouveaux arrivants vont avoir le réflexe de comparer leurs dépenses avec ce qu’ils avaient l’habitude de payer dans leur pays pour les mêmes prestations. De plus, pour les personnes venues d’Europe occidentale ou d’autres pays à la monnaie forte, la première expérience de la vie au Québec se fait dans une devise convertie en dollars canadiens, avec un taux de change avantageux.
Or, le coût réel de la vie devrait uniquement se mesurer sur la base des ressources acquises dans le pays où l’on consomme, dans la devise avec laquelle on consomme. C’est là qu’on réalise que le coût réel de la vie au Québec, qu’il ne s’agit pas de confondre avec la qualité de vie.
Fonds disponibles à votre arrivée
Avant de dépenser de l’argent, il faut en disposer en quantité suffisante. C’est pourquoi les autorités exigent des personnes immigrantes, en particulier de celles dont le statut est temporaire, qu’elles justifient de fonds pour subvenir à ses besoins immédiats.
Si la somme forfaitaire de 2 500 $ CAN est demandée pour les participants à l’un des programmes d’Expérience internationale Canada (EIC), il en va différemment des travailleurs qualifiés, qui doivent se soumettre à un contrat de capacité financière, calculé en fonction du nombre de personnes rattachées à la demande et revalorisé chaque année.
La preuve de capacité financière a été fortement relevée au 1er janvier 2024, passant de 10 000 $ CAN disponibles à 20 635 $ CAN (pour un étudiant qui vient seul). Cette somme sera revalorisée, elle aussi, chaque année en fonction du seuil de faible revenu.
Par la suite, les principaux postes de dépenses à prévoir à son arrivée au Québec vont dépendre de plusieurs facteurs, dont son statut d’immigration ou sa situation familiale.
Les grands postes de dépenses
Parmi les premiers postes de dépenses, on cite souvent le logement, la nourriture, le transport, ou encore les loisirs. Mais certains facteurs vont les faire varier fortement. Prenons quelques exemples.
Pour situer le coût de la vie sur une échelle de valeurs, il est pertinent de connaître le salaire horaire médian au Québec, mis à jour chaque année par Emploi et Développement social Canada (EDSC). Au 8 novembre 2024, il s’établit à 32,96 $ CAN de l’heure avant impôts.
Immigration permanente
Immigration permanente
Les frais d’immigration, en particulier permanente, sont souvent passés en « pertes et profits », comme un incompressible passage obligé. Il est fondamental de les considérer, pour autant, car ils s’inscrivent dans la durée.
AU QUÉBEC (Certificat de sélection permanente) :
- 921 $ CAN pour le demandeur principal
- 197 $ CAN par personne pour l’époux, le conjoint de fait, l’enfant à charge
Tarifs en vigueur au 1er janvier 2025, dans le cadre du programmes de sélection des travailleurs qualifiés (PSTQ) et du programme de l’expérience québécoise (PEQ).
AU FÉDÉRAL (Résidence permanente) :
- 950 $ CAN pour le demandeur principal
- 950 $ CAN pour l’époux ou le conjoint de fait
- 260 $ CAN par enfant à charge
- 575 $ CAN par personne pour l’obtention du statut de résident permanent
- 250 à 300 $ CAN par personne environ pour la visite médicale obligatoire
Données biométriques éventuellement, 85 $ CAN pour une personne, 170 $ CAN pour une famille de deux personnes et plus.
Tarifs en vigueur au 30 avril 2024, applicables aux travailleurs qualifiés sélectionnés par le Québec.
Ces montants ne tiennent pas compte des frais liés au renouvellement de statuts temporaires précédant l’accession à un statut permanent.
Enfin, une demande de citoyenneté canadienne coûte 630 $ CAN par adulte et 100 $ CAN par mineur de moins de 18 ans.
Logement
La question du logement va se poser de façon sensiblement différente selon que vous vivez en ville ou dans des régions moins peuplées, où l’offre locative sera plus limitée.
Le prix de l’immobilier, à l’achat comme à la location, a considérablement augmenté ces dernières années, partout au Québec, et pas seulement dans les grands centres urbains.
En décembre 2024, un appartement non meublé d’une chambre (3 1/2) coûte en moyenne 1 720 $ CAN par mois dans les 9 arrondissements centraux de Montréal (hors Saint-Henri, mais incluant Westmount). Pour des parents avec un enfant, qui visent un 5 1/2 (chacun sa chambre fermée), il faudra débourser en moyenne 2 648 $ CAN, toujours avec de fortes variations entre les arrondissements.
Aux loyers s’ajoutent les frais d’électricité et de chauffage (bien souvent électrique). En revanche, l’eau est gratuite au Québec. Quant aux taxes liées au logement (taxes municipales, etc.), elles demeurent à la charge du propriétaire.
Enfants
Si l’école publique québécoise est gratuite, il en va différemment des services de garde pour les enfants de 5 ans et moins, en particulier selon que ceux-ci sont subventionnés ou non.
En effet, les parents qui ont la chance de pouvoir inscrire leur bambin en garderie subventionnée ne paieront que 9,35 $ CAN par jour (tarif au 1er janvier 2025), contre une fourchette généralement comprise entre 40 $ CAN et 65 $ CAN par jour dans un établissement privé non subventionné, soit environ entre 840 $ CAN et 1 400 $ CAN de frais mensuels.
Ces frais sont ouverts au crédit d’impôt. Mais seuls les résidents permanents peuvent bénéficier d’un remboursement anticipé mensualisé.
Quand aux écoles privées, payantes, elles factureront plusieurs milliers de dollars annuels par enfant. C’est le cas, par exemple, des établissements d’enseignement français (collèges Marie de France et Stanislas).
Épicerie
Le panier d’épicerie représente une grande partie du budget, d’autant plus, comme ailleurs, par les temps inflationnistes.
Le Québec est une terre d’agriculture, mais le climat tend à compliquer la diversification alimentaire (et sa disponibilité à l’année), si bien que la province doit importer une part de ce qu’elle consomme.
Une chose à noter, les produits importés, tels que le fromage, sont dispendieux. L’alcool l’est aussi, car il est hautement taxé.
Selon le 15e Rapport annuel sur les prix alimentaires, le panier moyen annuel d’une famille de quatre personnes au Québec, composée d’un homme adulte (31-50 ans), d’une femme adulte (31-50 ans), d’un adolescent (14-18 ans) et d’une fille (9-13 ans), devrait s’élever à 16 833,67 $ CAN en 2025, soit une hausse de 801 $ par rapport aux données de 2024.
Déplacements
Comme pour le logement, l’offre de transports publics ou en commun va varier selon que vous vivez dans un centre urbain ou non — et selon votre destination.
En 202 $, à Montréal, un billet de bus à l’unité coûte 3,75 $ CAN. L’abonnement mensuel s’élève à 100 $ CAN. Il peut être avantageux d’acheter plusieurs billets (7,00 $ CAN les deux passages/aller-retour, et 33,25 $ CAN les dix passages). Dans la ville de Québec, il faut compter 3,50 $ CAN à 3,75 $ CAN pour un billet, et 97,25 $ CAN pour une carte mensuelle.
Des services de vélo-partage sont disponibles toute l’année, facturés au trajet ou sur abonnement, à Montréal et à Québec.
Quant au service d’autopartage Communauto, très populaire parmi les personnes immigrantes, il est accessible dans les villes de Montréal, Québec, Sherbrooke, Gatineau, Laval, Boisbriand, Terrebonne, Victoriaville et Trois-Rivières, à nouveau sur abonnement.
Les personnes non motorisées qui réalisent des déplacements interurbains privilégient le train (cher et réseau peu développé), l’autocar, ou encore le covoiturage.
Sorties et loisirs
L’offre de sorties et de loisirs est très diversifiée, au Québec. Mais elle a un prix qui pourrait bien conférer à certaines activités un caractère exceptionnel.
Une séance de cinéma (à partir de 14,75 $ CAN avant taxes pour une personne adulte), un restaurant avec accord mets-vins (à partir de 300-350 $ CAN), une fin de semaine en tente Utopia (275 $ CAN pour deux nuits), un forfait de ski à la journée (une centaine de dollars avec les taxes)… Autant de sorties a priori anodines qui peuvent rapidement vous donner des sueurs froides.
Quant au magasinage, plusieurs personnes trouveront leur bonheur au milieu des rabais, que l’on observe régulièrement au courant de l’année. Pour ceux qui ne trouvent pas chaussure à leur pied et qui préfèrent magasiner en ligne, souvent à l’étranger, préparez-vous à des notes salées, tant en frais de port qu’en taxes douanières.
Voyages et vacances
Autre poste important pour les personnes immigrantes : celui lié aux vacances et aux voyages. Pas de chalet familial, quand on est nouvel arrivant : chaque escapade se paie.
La pénurie de logements amenant certaines régions et municipalités à fortement réglementer les services de locations de courtes de durées, il est parfois difficile et onéreux de trouver un logement pour la fin de semaine.
Quant aux visites rendues à la famille restée au pays, généralement concentrées sur les périodes estivales ou de fin d’année, elles pèsent lourd sur un budget, notamment sur les familles. Un aller-retour Montréal-Paris en haute saison se monnaie rarement à moins de 1 300 $ CAN par personne. Quant aux parents, la période estivale rime aussi avec « occupation des enfants », elle aussi source de dépenses à défaut de pouvoir confier ces derniers à leurs grands-parents, par exemple. On se parle ici de camps de jour et autres stages sportifs.
Il en va de même pour une semaine en tout inclus « dans le Sud » pour fuir les rigueurs de l’hiver. Compter 3 500 $ CAN à 6 500 $ CAN minimum la semaine à Cuba ou au Mexique pour une famille de trois personnes.
Santé
Le Québec propose à ses résidents un régime de santé universel doublé d’une assurance médicaments, tous deux offerts par la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ).
Ce régime vous couvrira en cas d’accident ou d’événement de la vie (une naissance, par exemple).
Certains frais, comme les frais dentaires ou ophtalmologiques (optométriques, au Québec), ne sont pas pris en charge par la RAMQ (du moins pas pour les personnes de plus de 11 ans). Et la facture peut être élevée. Comptez 250 $ CAN pour se faire soigner une carie par exemple, et près de 200 $ pour une visite de contrôle avec détartrage, dont on se départit tous les 6 à 9 mois. Idem pour les frais d’optométriste. Une paire de lunettes coûte plusieurs centaines de dollars.
Il arrive que les employeurs offrent des assurances collectives, qui prennent en charge tout ou partie des prestations non couvertes par le régime public (médicaments, dentaire, médecines douces ou alternatives, psychologie, etc.). Dans ce cas, renseignez-vous bien sur les limites de la couverture offerte. Par exemple, les frais optométriques sont rarement pris en charge.
Enfin, pensez toujours à votre retraite. Les prestations versées par les autorités publiques sont très faibles : il est donc important, lorsque cela est possible, de mettre de côté une partie de ses revenus mensuels.
Autres postes à intégrer
Si vous vivez dans un grand centre urbain, vous aurez accès à un réseau de transports en commun. Dans des municipalités plus réduites, vous serez contraint de posséder une voiture (par adulte), et d’assumer les coûts associés (location si véhicule neuf, assurance, essence, entretien, pneus d’hiver/d’été, traitement annuel antirouille, etc.). Pour faire le point sur l’achat ou la location de votre propre véhicule, visitez notre page dédiée.
En ce qui concerne la téléphonie et internet, le manque de concurrence entre les opérateurs ou les fournisseurs d’accès au Québec fait en sorte que les prix sont nettement plus élevés qu’en Europe. Pour un forfait trois services incluant la téléphonie résidentielle, Internet et la télévision, il faut compter entre 100 $ CAN et 150 $ CAN par mois. Pour un abonnement de téléphone cellulaire, comptez au moins 45 $ mensuels pouvant dépasser 100 $ CAN pour certains forfaits de données Internet.