Le système de sélection permanente dans le cadre du Programme régulier des travailleurs qualifiés du Québec change. En modifiant le pointage qui permet de classer les déclarations d’intérêt déposées sur la plateforme Arrima, le gouvernement se dote d’un outil de qualification des candidats à l’immigration — mais prend le risque d’alourdir une procédure déjà complexe.
Le 14 juillet, un arrêté ministériel annonçait discrètement une évolution dans le pointage sur le portail Arrima. Désormais, les déclarations d’intérêt (DI) présentées dans le cadre du Programme régulier des travailleurs qualifiés (PRTQ) seront classées selon l’expérience, les compétences ou la langue. En cela, le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI) entend classer les candidats en fonction de leur potentiel d’intégration, et l’adéquation de leur profil avec les besoins du Québec.
Mais attention : le MIFI nous a expressément indiqué que cette nouvelle mesure ne constitue pas une présélection des candidats à la sélection permanente. Aucun document ou preuve additionnel ne leurs sont d’ailleurs réclamés à ce stade. Une personne dont la déclaration d’intérêt atteint le maximum de points pourrait tout de même voir sa demande de sélection refusée par la suite.
Pour rappel, ce n’est qu’après avoir soumis leur déclaration d’intérêt que les candidats peuvent être (ou non) invités par le MIFI à présenter leur demande complète de sélection permanente et à payer les frais.
Qu’est-ce qui change ?
Auparavant, seules les demandes formelles étaient soumises à une grille de sélection. On n’observe pas de changement à ce niveau. Pour le classement des demandes de sélection permanente, les critères restent donc les mêmes. Il faut avoir 50 points minimum pour recevoir son certificat de sélection du Québec (CSQ).
Le changement concerne donc exclusivement la phase initiale de sélection permanente, celle de la déclaration d’intérêt. Désormais, les déclarations d’intérêt sont elles aussi soumises à une grille de classification. Ce système doit permettre au MIFI d’évaluer les déclarations d’intérêt qu’il reçoit en fonction de critères communs — et émettre les invitations à présenter une demande selon les profils dont le Québec a besoin.
Selon la nouvelle grille, chaque déclaration d’intérêt peut obtenir jusqu’à 1 320 points. Le pointage priorise largement les personnes intéressées à travailler en dehors de Montréal. Ce total est divisé en deux groupes de critères :
- le capital humain compte pour 580 points, et
- les besoins du marché du travail permettent d’en accumuler 740.
L’arrimage avec les besoins des entreprises est davantage valorisé. On peut noter par exemple que les diplômes postsecondaires techniques sont plus valorisés et rapportent 63 ou 81 points.
Un outil d’autoévaluation a également été mis en place par le ministère pour aider les candidats à mesurer leurs chances d’être invités à présenter une demande de CSQ.
Des documents justificatifs sont demandés au moment de la DI pour prouver les renseignements déclarés.
Il n’est pas précisé de minimum pour être admissible à déposer une DI.
Si deux candidats obtiennent le même nombre de points, ce sera celui qui a déposé sa demande en premier qui sera priorisé.
Faits saillants du nouveau pointage
Parmi la catégorie sur le capital humain, on compte les critères suivants :
- La connaissance du français peut rapporter jusqu’à 180 points pour le demandeur et 40 points pour le conjoint ou l’époux de celui-ci. Le MIFI renvoie les candidats à se référer à l’Échelle québécoise des niveaux de compétences en français des personnes immigrantes adultes.
- La connaissance du français et de l’anglais peut valoir jusqu’à 80 points au demandeur. Pour savoir son niveau d’anglais, il faut se référer aux Niveaux de compétence linguistique canadiens.
- L’âge peut permettre d’acquérir 130 points au candidat et 110 à l’époux ou conjoint. Les 18-30 ans sont priorisés.
- L’expérience acquise 5 ans avant la demande peut rapporter 100 points. Cela comprend les stages payés ou non.
- Le niveau de scolarité vaut quant à lui maximum 90 points pour le demandeur et 70 points pour le conjoint. Les diplômes doivent être obtenus avant la demande. C’est le diplôme qui rapporte le plus qui doit être considéré dans la demande d’intérêt.
Quant à la catégorie concernant les besoins des entreprises :
- Un maximum de 100 points peut être accordé selon l’expérience professionnelle (acquise 5 ans avant) et la profession occupée à temps plein. Ce pointage est accordé selon une liste des diagnostics de moyen terme (2023) pour les 500 professions de la classification nationale des professions. Les professions les plus en demande sont celles qui rapportent le plus aux candidats.
- Le domaine de formation peut faire obtenir jusqu’à 60 points. Ils sont classés de A à E, selon une liste établie par le gouvernement. S’il y a lieu, les diplômes doivent être reconnus par un ordre ou un autre organisme.
- Ensuite, les diplômes obtenus au Québec acquis après un minimum de 900 heures d’études peuvent rapporter jusqu’à 50 points. Les diplômes universitaires de 3ecycle sont les plus récompensés.
- La durée de l’expérience de travail québécoise peut faire gagner 100 points. Le maximum est atteint dès l’acquisition de plus 4 ans d’expérience.
- L’expérience canadienne, hors Québec, est elle aussi comptabilisée. Avec 4 ans et plus de travail au Canada, on peut obtenir un maximum de 30 points.
- Enfin, c’est le fait d’avoir une offre d’emploi validée qui rapporte de loin le plus : 380 points pour un poste situé à l’extérieur de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) et 180 pour un poste au sein de cette dernière.
Si le candidat à l’immigration inclut son conjoint :
- Les études du conjoint doivent avoir été réalisées à temps plein. Un maximum de 10 points peut être obtenu si le conjoint possède au moins un diplôme universitaire de 1er De même pour un diplôme reçu au Québec, ce sont les diplômes universitaires qui rapportent le plus.
- La connaissance du français peut rapporter jusqu’à 40 points.
- Attention : Certains pointages changent si le candidat possède un conjoint. C’est le cas de l’âge et du niveau de scolarité.