Kevin Tierney, connu notamment pour avoir produit le film à succès Bon Cop, Bad Cop, a réalisé une comédie French Immersion (C’est la faute à Trudeau), en salle au Québec depuis le 7 octobre dernier.
Avant visionnage, le film semble avoir tous les ingrédients pour faire passer aux spectateurs un bon moment. Son affiche présente une galerie de personnages qui paraissent tous plus loufoques les uns que les autres. Ils sont en plus incarnés par des acteurs bien connus : Karine Vanasse, Robert Charlebois, Pascale Bussières, pour ne citer qu’eux. Son sujet, le bilinguisme au Canada, laisse augurer des épisodes drôles, des scènes rocambolesques, des quiproquos, tout cela peut-être même saupoudré de critiques sur la société canado-québécoise ou québéco-canadienne.
Après visionnage, il reste le sentiment confus que le film n’est pas réussi, car le réalisateur a oublié des ingrédients, ou peut-être a voulu trop en mettre. Mais commençons d’abord par l’histoire. Cinq anglophones débarquent dans un petit village québécois nommé Saint-Isidore-du-Coeur-de-Jésus pour apprendre le français pendant deux semaines. Ils suivent des cours dans une école de langue menacée de fermeture et sont hébergés chez des Québécois francophones. Mais surtout ils découvrent les habitants du village qui sont pour le moins surprenants, certains étant vraiment bizarres et même inquiétants.
Il s’agit bien d’une comédie, rassurez-vous. Elle présente une galerie de personnages plus risibles les uns que les autres, essentiellement côté québécois. Citons pêle-mêle : l’ancien politicien corrompu, le prêtre fantasque, le surveillant extrêmement revêche, la grand-mère catholique fervente mais bien curieuse, la jeune rebelle. Des caricatures qui font sourire au début du film, mais qui lassent quelque peu en fin de compte, surtout à cause de cette impression de déjà-vu.
Certes, il y a aussi des trouvailles qui font sourire ou déclenchent quelques rires. Les familles d’accueil québécoises qui jouent au bingo, ou plutôt à “l’anglo”, pour savoir qui pourra accueillir un anglophone. Les réactions des gagnants sont savoureusement drôles. La présentation aux “élèves” du carton jaune où est écrit “en français”.
Malgré cela, le spectateur se languit peu à peu. Ni les références à l’antagonisme entre les Québécois francophones et les Canadiens anglophones, ni les clins d’œil à la culture québécoise ne réussissent à empêcher les longueurs dans le film. Quant aux autres micro-histoires – fermeture possible de l’école, visite ratée d’une Indienne, lancement de campagne politique, elles sont tout juste traitées.
En somme, French Immersion est passablement drôle. Il y a bien une histoire qui n’est pas plus intéressante que cela. Les personnages sont à la fois attachants et agaçants. La fin, très originale et même extra-ordinaire, ne fait que renforcer la perplexité du spectateur.
Bon à savoir
Le sous-titre du film C’est la faute à Trudeau fait référence à Pierre Elliott Trudeau, né en 1919 et mort en 2000, à Montréal. Il fut deux fois premier ministre du Canada (1968-1979, 1980-1984). Il est à l’origine de l’adoption de la Loi sur les langues officielles, adoptée en 1969 par le Parlement du Canada. Elle institue l’anglais et le français comme les langues officielles du Canada.