Vivante, plurielle, dynamique, ouverte… Montréal s’est construite avec l’apport des différentes vagues d’immigration. Découvrez les quartiers privilégiés choisis par les communautés immigrantes.
Au dernier recensement, la ville de Montréal comptait 570 940 immigrants, soit près de 34 % de sa population totale, un chiffre qui ne comprend pas les résidents temporaires (4 %). Pour l’année 2016, les cinq premiers pays d’origine de ces immigrants, selon leur lieu de naissance, sont dans l’ordre Haïti, l’Algérie, l’Italie, la France et le Maroc.
La communauté haïtienne
« On n’est pas forcément du pays où l’on est né. Il y a des graines que le vent aime semer ailleurs », écrit Dany Laferrière, célèbre romancier d’origine haïtienne et Montréalais d’adoption. C’est en majorité vers les quartiers de Montréal-Nord que les immigrants haïtiens laissent le vent les porter (33,4 %). Mais les Montréalais nés à Haïti sont aussi les plus nombreux dans l’arrondissement de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles (30,9 %), où on parle, mange et danse créole, tout comme à Villeray–Saint-Michel-Parc-Extension (12,3 %).
La communauté française
« Vous habitez sur Le Plateau ? ». C’est la question la plus souvent posée à un nouvel arrivant français à Montréal. Et il faut bien l’avouer, ce cliché qui a la vie dure reste toujours assez vrai. En 2016, les Français sont toujours les immigrants les plus nombreux sur Le Plateau-Mont-Royal, surnommé parfois le 21e arrondissement de Paris… Ils y représentent 27,7 % de l’ensemble de la population immigrante, bien loin derrière eux se situent en deuxième et troisième place les Portugais (5,6 %) et les Américains (4,8 %).
Toutefois, trois autres bastions français sont à noter. Le premier se situe dans le très chic et résidentiel arrondissement d’Outremont où les immigrants de l’hexagone sont les plus nombreux (22,7 %), attirés notamment par les collèges (français) Stanislas et Marie-de-France. Le second est celui de Rosemont-La Petite-Patrie, dont la population immigrante est là encore majoritairement française, selon le recensement de 2016 (16,4 %). L’arrondissement est amené à accueillir de plus en plus de Français, qui quittent progressivement le Plateau et ses loyers galopants — dont, ironiquement, on les accuse d’être responsables. Et le dernier correspond à l’arrondissement montant de Verdun, au sud de la Pointe-Saint-Charles (11,9 %).
La communauté maghrébine
S’il existe un quartier dénommé « Le Petit Maghreb », il s’agit avant tout d’un regroupement culturel et économique, lié aux multiples boutiques et lieux de convivialité situés sur un tronçon de la rue Jean Talon. Les habitants sont ailleurs, dispersés dans plusieurs quartiers montréalais. Les Algériens et les Marocains sont majoritaires au niveau de la population immigrante dans l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville(respectivement 9,3 % et 8,6 %). Ils habitent également en nombre dans les secteurs de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, Saint-Léonard, Anjou, Montréal-Nord ainsi qu’à Villeray–Saint-Michel-Parc-Extension.
La communauté italienne
Cela fait bien longtemps que les immigrants italiens n’habitent plus (seulement) dans le quartier de La Petite-Italie (arrondissement de Rosemont-La Petite-Patrie), qui reste avant tout un lieu symbolique de la présence centenaire des Italiens à Montréal. En 2016, ceux-ci occupent majoritairement l’arrondissement de Saint-Léonard (24,2 %) et celui de Rivière-des-Prairies (24,6 %) où ils se placent derrière la communauté haïtienne.
La communauté chinoise
Les immigrants chinois n’arrivent qu’à la sixième place dans la liste des pays d’origine des immigrants en 2016. Occupent-ils tous le quartier chinois ? Non, bien sûr. Mais s’ils sont bien présents au titre de la population immigrante dans ce quartier, qui appartient à l’arrondissement de Ville-Marie (12,6 %), ils se retrouvent au coude à coude avec les Français (12,4 %), tout comme dans l’arrondissement de Verdun et celui du Sud-Ouest de la ville. Enfin, ça ne s’invente pas, mais on trouve une importante communauté chinoise… à Lachine — elle y est même majoritaire !
L’immigration en mots et en images
Le Centre d’histoire de Montréal a dédié un très beau site à toute l’histoire de la ville et de ses habitants. Intitulé Mémoires des Montréalais, il permet de découvrir la ville autrement, à travers plus d’une quinzaine de dossiers thématiques dont plusieurs portent sur les différentes communautés immigrantes qui ont façonné la métropole.
Enfin, dans l’exposition itinérante Fenêtres sur l’immigration, des Montréalais issus de l’immigration se confient sur les réalités de leur parcours. Pourquoi sont-ils venus ici ? Ont-ils ressenti un choc culturel ? Comment refaire sa vie ? Quels ponts créer entre là-bas et Montréal ? Autant de réponses que d’histoires uniques. Réalisée par le Centre d’histoire de Montréal, à partir des récits qu’il a collectés, l’exposition aborde plusieurs thèmes autour des cheminements de l’immigration et révèle une ville plurielle, changeante, rythmée par les communautés et les générations qui s’y succèdent. Elle sera présentée dans plusieurs lieux de diffusion à Montréal jusqu’au 30 octobre 2019, l’occasion de comprendre comment les communautés ont contribué, individuellement et collectivement, à façonner le visage de la ville que l’on connaît aujourd’hui !