Pour la deuxième année, la Ville de Montréal publie son baromètre de l’intégration des personnes immigrantes. Écho 2020 confirme les nombreuses difficultés auxquelles ces personnes font face au quotidien.
À Montréal, les personnes immigrantes sont moins payées que les locaux. Elles ont plus de difficulté à trouver un emploi, stable qui plus est. L’accès à un logement salubre leur est plus compliqué. Elles se sentent moins incluses, plus isolées.
Et pour beaucoup de ces problèmes, c’est encore pire pour les femmes, les plus jeunes, les personnes en situation de handicap, les nouveaux arrivants ou encore celles qui parlent moins bien français (ou anglais).
Autant de faits qui ont été confirmés par le sondage Écho, le Baromètre, dont la deuxième édition a été publiée le 21 avril dernier.
Un rapport bienvenu
La région métropolitaine de Montréal accueille 76 % des personnes immigrantes au Québec. Ce pourcentage est encore plus élevé pour les nouveaux arrivants : ils étaient 85 % à vivre à Montréal en 2016, selon les données du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI). Si leurs difficultés sont souvent mises en avant dans le débat public, les données qui les concernent sont rares.
C’est justement pour répondre à ce manque d’informations que la municipalité et plusieurs autres partenaires ont pris l’initiative de ce sondage. 2 500 Montréalais ont été sondés entre février et mars 2020, dont la moitié étaient des personnes immigrantes.
La ville veut mieux comprendre ce que vivent les différentes communautés immigrantes de la ville pour répondre à leurs besoins. « Avec les résultats du sondage, les divers services de la Ville pourront ajuster leur offre de services aux besoins exprimés par les personnes immigrantes », détaille le rapport. On peut imaginer que ces données serviront à utiliser adéquatement les 24 millions de dollars récemment investis à cette fin par Québec et la Ville de Montréal.
La force de ce rapport se trouve dans son approche intersectionnelle. Les revenus, le genre et la race sont pris en compte et ils sont bel et bien des facteurs aggravant la vulnérabilité.
Discrimination
Exhaustif, le rapport aborde les discriminations, le sentiment d’appartenance, l’accès à l’emploi, au logement et aux services de la ville. Mais l’enjeu qui ressort le plus est celui de la discrimination. La moitié des personnes immigrantes et jusqu’à 60 % des personnes appartenant à une minorité visible déclarent avoir vécu de la discrimination, principalement à cause de leur origine.
Ces discriminations surviennent pour 48 % d’entre eux au cours de la recherche d’un emploi. Être une femme ou appartenir à une minorité visible augmente aussi le risque.
« Nous avons également constaté qu’elle se manifeste de façon différente selon le genre, la couleur de la peau et le statut d’immigration des personnes. On comprend qu’il faut poser des actions dans plusieurs secteurs de notre société pour lutter contre la discrimination », a déclaré Monica Schlobach, chercheuse de l’Institut de recherche sur l’intégration professionnelle des immigrants (IRIPI), participant à la réalisation du sondage.
Crise du logement
En pleine crise du logement dans la métropole, les données récoltées montrent que les personnes immigrées sont davantage touchées par des problèmes de salubrité, de location ou d’accès à la propriété. « Environ une personne immigrante sur cinq a dû déménager involontairement de son logement en raison d’une éviction, d’une hausse de loyer ou d’un problème d’insalubrité », détaille le rapport.
Autant de données qui rappellent l’ampleur des problèmes liés à l’accueil et à l’intégration des personnes immigrantes, mais aussi à quel point les crises sanitaire et du logement impactent davantage ces populations.
Reste à savoir quelles actions seront amorcées. Pour 42 % des personnes immigrantes, la solution se trouve dans le soutien à l’intégration professionnelle ou entrepreneuriale. La deuxième priorité serait de faciliter l’obtention d’un logement adéquat.
Quelques chiffres
- 26 % des personnes immigrantes interrogées se sentent au moins « assez isolés » contre 18 % pour les locaux.
- 65 % des personnes immigrantes ont mis plus d’un an à trouver un emploi
- Elles sont plus susceptibles d’occuper un emploi en dessous de leurs compétences (38 % sont surqualifiés comparativement à 28 % pour les locaux), ou étranger à leur domaine d’études (39 % sont déqualifiés, contre 42 % de locaux).