De la laïcité à l’environnement, en passant par le droit à l’avortement, les enjeux autochtones, l’insécurité économique, la place du Canada dans le monde, nombreux sont les sujets qui ont alimenté les différents débats des 6 candidats aux élections fédérales, qui se tiendront le 21 octobre prochain. Mais qu’en est-il du thème de l’immigration ? Nous faisons le point sur la place de chaque parti sur l’échiquier politique canadien, ainsi que leur position respective sur la question migratoire.
Si le nom du prochain Premier ministre du Canada n’est pas encore connu, sauf surprise générale, c’est une fois de plus entre le Parti libéral et le Parti conservateur que se jouera le sort des élections, et au chef de l’un ou l’autre parti de former le prochain gouvernement canadien. Cette issue ressort notamment de plusieurs sondages et d’un modèle statistique de projection électorale.
Les partis en lice pour le scrutin
Incarné par le Premier ministre sortant, Justin Trudeau, le Parti libéral du Canada (PLC) se décrit comme un parti centriste, plus à gauche que le Parti conservateur et plus à droite que le Nouveau Parti démocratique. En termes de durée de gouvernance au 20e siècle, le PLC est le parti qui a le plus occupé le pouvoir fédéral. Avec son slogan « Choisir d’avancer », le Parti libéral s’appuie sur son bilan et l’importance des promesses tenues : légalisation du cannabis, accueil de milliers de réfugiés syriens, avancées en politique sociale, enquête publique nationale sur les femmes et filles autochtones disparues et assassinées, mise en place d’un cadre de lutte contre les changements climatiques…
Face à lui, le Parti conservateur du Canada (PCC), représenté par Andrew Scheer, est un parti de droite ayant formé le gouvernement du pays de 2006 à 2015 sous la bannière du précédent Premier ministre, Stephen Harper. Depuis plusieurs semaines, le PCC fait l’objet de pressions sur la question de l’avortement, souvent évoquée dans les débats, et pour laquelle Andrew Scheer a été sommé de clarifier sa position – ce qu’il a fait le 3 octobre, en de déclarant pro-vie. Avec son slogan « Plus. Pour vous. Dès maintenant », le plan du PCC vise à « rendre le coût de la vie plus abordable » avec notamment « des impôts bas ».
Présenté de plus en plus comme celui qui accéderait à la troisième place du podium, le Nouveau Parti démocratique (NPD), dirigé par Jagmeet Singh, se veut résolument à gauche et entend « lutter contre les inégalités, la crise climatique et la recrudescence de l’intolérance », derrière son slogan « On se bat pour vous ».
À la tête du Parti vert du Canada (PVC), dont le slogan indique « Ni à droite ni à gauche. Vers l’avant ensemble », Elizabeth May, seule femme de cette campagne, a pour principal objectif la lutte contre les changements climatiques.
Plus spécifique au Québec, le Bloc québécois (BQ), dont le slogan « C’est nous » connaît plusieurs déclinaisons « L’énergie propre, les régions, le français, la laïcité, c’est nous », est incarné par Yves-François Blanchet. Seul parti représentant les souverainistes du Québec sur la scène fédérale, il s’est donné comme mission de défendre les intérêts des Québécois au parlement canadien.
Enfin, dernier parti en date, créé en septembre 2018 par Maxime Bernier (ancien ministre conservateur), le Parti populaire du Canada (PPC), avec son slogan « Fort et libre », se positionne comme une droite populiste qui s’attaque principalement à l’immigration, au multiculturalisme et à la lutte contre les changements climatiques.
Si le thème de l’immigration s’est fait plutôt discret dans les débats et la campagne électorale, il n’en reste pas moins un sujet majeur, le gouvernement fédéral s’étant donné pour objectif de poursuivre la hausse des seuils de personnes admises sur le territoire, en vue d’accueillir 330 000 immigrants en 2019 et 340 000 en 2020.
L’immigration en question
Si la plupart des partis reconnaissent l’importance de l’immigration face au problème de pénurie de main-d’œuvre et de vieillissement de la population, tous n’ont toutefois pas les mêmes cibles.
Le Parti libéral envisage d’ores et déjà d’augmenter le nombre d’immigrants à 350 000 en 2021, et permettrait à des communautés ou associations locales ainsi qu’à des chambres de commerce de parrainer directement des immigrants permanents.
De son côté, le Parti conservateur parle de fixer le nombre d’immigrants « en fonction des besoins de l’économie canadienne » et entend prioriser les réfugiés qui font face à des persécutions.
Lors du dernier débat électoral en français, le 10 octobre dernier, Justin Trudeau a déclaré « reconnaître l’importance que le gouvernement du Québec ait plus de contrôle sur l’immigration », tandis qu’Andrew Scheer parlait de « plus d’autonomie » pour le Québec. Le Nouveau parti démocrate entend quant à lui donner 73 M$ de plus au Québec pour aider la province à accueillir mieux ses immigrants. Sur le plan fédéral, il ne donne toutefois pas de chiffres précis quand il parle d’ajuster les niveaux d’immigration aux besoins de main d’œuvre. Là encore sans donner de chiffres précis, le Parti vert souhaite de son côté augmenter le nombre d’immigrants dans les régions où la pénurie de main-d’œuvre est la plus importante. Le Parti offrirait l’asile aux victimes des changements climatiques.
Le Bloc québécois et le Parti populaire sont les deux seuls partis à vouloir réduire clairement le nombre d’immigrants. Dans la droite ligne de son programme souverainiste, le Bloc pense que c’est à l’Assemblée nationale du Québec de décider du nombre d’immigrants et de réfugiés acceptés dans la province. De son côté, lors du dernier débat électoral, Maxime Bernier, chef du Parti populaire a clairement recommandé « moins d’immigrants, moins de réfugiés » pour « aider les Canadiens en premier ». Le Parti populaire diviserait quasiment par deux le nombre d’immigrants acceptés en 2018 tout en favorisant la proportion de ceux s’installant pour des motifs économiques.
Rendez-vous est désormais donné le 21 octobre prochain pour l’issue du scrutin.