Recevoir et donner en retour

Dans un ouvrage à la fois intime, documenté et bien intentionné, Souad Ouared puise autant dans une carrière au service des personnes immigrantes que dans sa propre expérience d’immigrante pour élaborer un recueil de conseils à tous les nouveaux arrivants. « Canada : Des petits conseils pour un grand pays » est un objet hybride, ni portrait, ni guide, ni essai. Un geste spontané qui nous amène à considérer avec beaucoup d’humanité les défis de l’immigration au Québec sous des angles que l’on n’imagine pas nécessairement.
À la genèse du projet, il y a des histoires, des anecdotes, des préoccupations.

Celle qui a été directrice du développement des affaires pour le marché des nouveaux arrivants pour la Banque Nationale du Canada pendant plus de dix ans, et qui a multiplié les engagements communautaires jusqu’à présider le Congrès maghrébin du Québec est, finalement, toujours restée au contact des gens venus d’ailleurs ou d’origine étrangère.

En interrogeant l’autrice sur son propre parcours d’immigrante, depuis le déracinement originel de ses parents, jusqu’à une carrière où elle a côtoyé aussi bien des personnes nouvellement arrivées au Québec que de celles qui y ont vécu, y ont grandi et y ont connu le succès, on obtient un étonnant jeu de miroir, d’allers et de retours où les chemins se rencontrent et où les destins s’enrichissement mutuellement.

« L’accumulation de toutes ces expériences vécues qui m’ont été partagées au fil des conversations, au fil des années… Je me suis demandé quoi faire avec tout ça. Les parcours, les questionnements de ces femmes et de ces hommes, ce sont eux qui ont inspiré le livre, dans toute leur humanité. »

Immigrer, c’est revivre des morceaux de son histoire dans les yeux de ceux qui viennent après nous

Pour Souad, tout n’a pas toujours été simple. Arrivée au Québec à 11 ans, elle a vécu le changement à chacune de ses étapes — de sa propre perspective, mais aussi de celle de ses parents. « Ce n’était pas une simple transition géographique, mais une réinvention totale de leur vie », écrit-elle.

Son cheminement, les épreuves et les sacrifices consentis, les apprentissages et les petites victoires, elle les a revécus cent fois, mille fois à travers le récit des personnes immigrantes qui ont croisé sa route, au Québec ou à l’étranger. Les histoires d’immigration, il n’y en a pas deux semblables. Chacun emprunte sa propre route avec son bagage, un contexte et aussi une part de bonne (ou de moins bonne) fortune.

Mais il existe des dénominateurs communs entre tous les nouveaux arrivants au Québec, quelle que soit leur origine. 

L’histoire de Souad est celle d’une immigrante qui s’est enracinée ici, qui a trouvé sa voie et qui a pris le parti de rendre ce qu’elle a reçu à sa société d’accueil — et à ceux qui en ont le plus besoin. Ce livre, mêlant l’information à l’expérience, est par essence l’occasion unique pour elle de partager son point de vue et ses conseils sur les défis de l’immigration aujourd’hui, au Canada.

Les petites anecdotes font les grandes histoires…

« Une des grandes préoccupations que j’ai entendues, c’est l’adaptation à l’hiver », nous confie l’autrice presque amusée. Il est vrai qu’au milieu des changements fondamentaux qui entourent un projet d’installation dans un nouveau pays, on ne pense pas forcément à l’impact d’un élément secondaire comme le climat — secondaire, car sans conséquence sur la faisabilité d’un projet ou l’issue positive de démarches administratives. Or, l’hiver ici est une épreuve dont il faut être conscient, et qui nécessite pour certains de « sortir de leur zone de confort », physiquement et socialement.

La vie quotidienne a, bien sûr, une importance qui ne fait que croître à mesure que l’on s’installe dans son emploi, dans son quartier, et plus généralement dans son intégration. Il y a l’éloignement avec les amis et les membres de la famille que l’on a laissés au pays ; et puis il y a le cercle social que l’on construit ici.

L’emploi et la réussite financière sont, bien sûr, des leviers d’intégration importants, et le livre abonde sur la question de la gestion de sa carrière au Canada, de même que sur la gestion financière, dans un système nord-américain dont plusieurs personnes immigrantes seront largement étrangères.

« Même ceux qui réussissent peuvent souffrir de l’isolement. »

Mais ce ne sont pas les seuls critères par lesquels on mesure un projet d’immigration. Souad donne l’exemple de la naissance de son plus jeune frère, né ici cinq ans après l’arrivée de la famille. Loin des leurs, sans le soutien si précieux de la famille au quotidien, auprès de la jeune fratrie, ce sont les personnes rencontrées ici qui se sont pressées pour soutenir sa famille dans ce moment de vulnérabilité.

La famille loin de la famille, cela se bâtit pierre à pierre. Cela prend du temps. Toute relation construite ici, qu’elle soit personnelle ou professionnelle, nécessite patience et ouverture de la part des personnes immigrantes. L’épanouissement social et les astuces pour diversifier ses cercles sociaux sont des thèmes chers au livre. Parce que l’immigration, c’est aussi une question de posture vis-à-vis de soi-même et vis-à-vis de sa société d’accueil.

Le livre « Canada : Des petits conseils pour un grand pays » est disponible sur Amazon. Un événement de lancement (gratuit, sur réservation) sera organisé le vendredi 28 novembre 2025 à 17 h 30 au Crew Collective & Café, à Montréal. Pour vous inscrire, rendez-vous ici !

Photo : Magenta

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Basile Moratille

Directeur des contenus et des publications, Immigrant Québec.
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