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Savez-vous pourquoi on parle de « langue maternelle » pour désigner la première langue que l’on apprend à maîtriser ? Car son apprentissage se fait dès la naissance. C’est la meilleure façon de se l’approprier, naturellement et de façon généralement ludique, selon une approche pédagogique dont on peut s’inspirer pour les enfants des personnes immigrantes non francophones.
Sous un nom ou un autre, les camps d’été, tout le monde connaît — et peut-être en avons-nous fréquenté nous-mêmes dans notre enfance. Lieux d’amusement par excellence, ils peuvent aussi être d’excellents milieux d’apprentissage. C’est avec cette idée en tête que s’est concentré le CARI St-Laurent pour rejoindre des élèves ciblés et référés par les écoles, notamment depuis le printemps 2020 et l’avènement des cours à distance, qui ont apporté leur lot de déscolarisation, de même qu’un double effondrement de la socialisation et du niveau linguistique.
Un travail en synergie avec le milieu scolaire
Le CARI St-Laurent, organisme d’aide aux personnes immigrantes, s’est approché des centres de services scolaires English Montréal et Marguerite Bourgeoys afin de trouver une réponse à ces jeunes en perte de repères. Une analyse des besoins et des niveaux a permis de dresser une liste des élèves qui avaient un besoin urgent de se trouver très rapidement en immersion dans un milieu francophone, de façon à préserver leurs acquis du mieux possible.
Beaucoup de ces jeunes se trouvaient en situation de fragilité, au sein de familles immigrantes elles-mêmes vulnérables. C’est aussi pour ces raisons qu’aucun frais ne sont demandés aux familles, et que le financement est en partie pris en charge par le programme Emploi d’été Canada, par Réseau réussite Montréal et par le CARI St-Laurent lui-même.
Trois semaines en immersion
Deux sessions de trois semaines sont ainsi proposées. Chaque session comporte sept groupes, et chaque groupe est composé d’une douzaine d’élèves. Du bricolage à des productions écrites, des vidéos aux jeux dans les parcs avoisinants, tout ce qui permet de pratiquer le français au quotidien est mis à profit.
Bien que la majorité des élèves ne participent qu’à une seule session, ils ont la possibilité de faire les deux — et cela est d’ailleurs fortement conseillé pour ceux qui sont plus en difficulté. Les cours ont lieu les matins et les après-midis, sous la supervision d’animateurs choisis pour leurs capacités de communication, et qui ont suivi une formation afin d’enseigner le français en contexte difficile. À l’issue de chaque session, les animateurs dressent un bilan pour chaque élève et un document est ainsi produit à destination de l’enseignant pour l’année scolaire suivante.
Des résultats prometteurs
Des groupes sont formés en fonction de trois niveaux, débutant, intermédiaire et avancé, l’idée étant de mélanger les enfants en fonction de leur âge et de leur niveau. Il est en effet primordial qu’ils puissent interagir entre eux pour pratiquer la langue.
Certains de ces jeunes arrivent au camp en ne parlant quasiment pas le français et repartent avec des bases solides qu’ils développeront au cours de l’année. Même s’ils n’utilisent pas le vocabulaire dans l’immédiat, il est enregistré et pourra être mobilisé en temps voulu. Ces enfants sont au cœur de la politique migratoire des parents. C’est aussi pour cela que ces camps sont destinés aux personnes immigrantes qui arrivent au cours l’été, saison propice à l’installation dans un nouveau pays. L’apprentissage n’est pas uniquement académique, mais également social. Ce premier contact avec le français permet aux jeunes de se familiariser avec la langue et la culture, et ils pourront à leur tour participer à une intégration en douceur de leur famille.
Photo : CARI St-Laurent