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Chaque année, pas moins de 50 nouvelles ruelles vertes viennent fleurir l’asphalte de Montréal. Des projets nés d’initiative et de mobilisation citoyenne, soutenus par le réseau des Éco-quartiers.
À côté du square Saint-Louis, dans l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal, se cache un petit trésor. Un coin de campagne en plein cœur de Montréal. La ruelle verte Henri-Julien/Drolet a troqué l’asphalte pour de la terre, et la voilà devenue première ruelle champêtre de la ville. En cette fin de journée d’été, les enfants sont rentrés chacun dans leurs maisons même si leurs cris résonnent encore de part et d’autre de la ruelle.
Photo : Armelle Pieroni-Christin
Changement de propriétaires, les chats sortent, les moineaux piaillent, les mésanges chantent et quelques écureuils inspectent les lieux.
Un îlot de fraîcheur et beaucoup de chaleur humaine
Sur son banc, une dame respectable aux cheveux blancs bouquine tranquillement. Monique Rozenfarb est arrivée ici il y a plus de 20 ans. Elle fait aujourd’hui partie du comité de la ruelle. « Ce que j’aime particulièrement dans cet endroit, c’est le sentiment de sécurité, explique-t-elle. On se connaît les uns les autres, il y a tous les âges, on s’entraide, on fait des fêtes, les enfants se régalent car ils courent d’un endroit à l’autre sans danger, il y a peu de bruit et c’est un véritable îlot de fraîcheur. Une fois qu’on a connu ça on ne peut plus s’en passer ! »
À deux pas de là vit Patrice Ouellette. C’est lui qui est à l’origine du projet de ruelle verte. Quand il a acheté ici en 1999, il a fait la demande à l’Éco-quartier pour verdir ce qui n’était alors qu’une petite ruelle comme Montréal en compte des centaines.
« Au début, on a fait ça parce qu’on aime les fleurs, raconte-t-il, mais après avoir commencé le projet chacun a appris à se connaître et c’est devenu un autre plaisir, celui de se retrouver. »
Photo : Armelle Pieroni-Christin
C’est toujours ainsi que naissent les ruelles vertes de Montréal, par une initiative citoyenne, le désir des riverains de se réapproprier un espace d’ordinaire peu passant, et le transformer en lieu de vie.
Le réseau des Éco-quartiers : une aide précieuse
Les ruelles publiques sont traditionnellement sous la responsabilité des arrondissements. Mais, pour ce qui a trait à la gestion de l’implantation des ruelles vertes, la majorité d’entre eux ont mandaté l’Éco-quartier, un service d’information et d’appui aux citoyens dans leurs projets environnementaux. C’est avec l’aide de l’Éco-quartier que les citoyens peuvent déposer un projet de ruelle verte auprès de leur arrondissement. En 2018, 13 des 19 arrondissements de Montréal possédaient des ruelles vertes. Ahuntsic-Cartierville, Lachine et Outremont comptent parmi les derniers participants.
Reverdir les espaces urbains, favoriser de la biodiversité et lutter contre les îlots de chaleur font partie des principaux objectifs de ces projets de développement durable à échelle humaine. Mais depuis la création de la première ruelle verte de Montréal en 1995 (située dans le quadrilatère Napoléon-Roy-Parc Lafontaine-Mentana), bien d’autres aspects positifs se sont ajoutés comme le souligne Simon Octeau, directeur du Regroupement des éco-quartiers. « Ces ruelles vertes créent un environnement favorable pour les enfants, offrent d’être en contact avec la nature, favorisent la socialisation des riverains avec des rencontres, des échanges de services, des mises en commun d’objets, et sont aussi un exemple de démocratie citoyenne pour les plus jeunes. »
À chaque ruelle, son visage
Chaque ruelle a son identité, selon sa largeur, sa longueur, le revêtement de son sol, son accès, sa luminosité. Certaines vont offrir un esprit plus artistique, plus culturel ou plus historique comme la ruelle Demers, petite rue de type française avec les façades des maisons qui donnent dessus. D’autres décident de redonner cet espace aux enfants, tout en composant parfois avec les automobilistes amenés à ralentir, comme la ruelle de la 6-7ème avenue/Holt-Dandurand, dans l’arrondissement Rosemont-La Petite-Patrie. Il y a même celles qui se parent d’atours particuliers, à l’occasion de certaines festivités, et qui attirent les foules bien au-delà de leur rayon habituel. « La ruelle verte c’est souvent un compromis utilisateurs-voiture », précise Simon Octeau. Dans le Sud-Ouest, la ruelle William-Benett, près du Marché de Maisonneuve est quant à elle jonchée de jeux pour enfants.
Sur le territoire de la Ville de Montréal, on compte plus de 400 ruelles vertes qui, mises bout à bout, s’étendent sur près de 500 kilomètres ! « Mais le marché n’est pas encore saturé, assure Simon Octeau. Sur toutes les ruelles que compte Montréal, seules 10 à 15 % sont des ruelles vertes ». Il appartient aux citoyens de se saisir d’un beau projet participatif et familial !
Photo : Armelle Pieroni-Christin
Pour aller plus loin :
Découvrez la géolocalisation des ruelles vertes de Montréal.
Visionnez le webdocumentaire Vue de ruelle (2017), réalisé avec l’aide du Regroupement des éco-quartiers.
Parcourez les pages du très beau livre tout en photographies et récit, Ruelles de Montréal de Maxime Lefin et Nicole Lacelle, aux éditions Broquet. Qu’elles soient vertes ou restées urbaines, ces arrière-cours vous livreront tous leurs secrets…