Les vins du Québec, une industrie en pleine effervescence

Quand on pense à la viticulture, le Québec ne vient pas toujours à l’esprit. Pendant des décennies, les Québécois ont majoritairement consommé des vins importés, notamment français et américains. Mais depuis quelque temps, les vins québécois connaissent un véritable essor, alors que les vignobles se multiplient dans la province.

Depuis les années 1980, le Québec a entamé un virage important : on redécouvre le terroir, on valorise les produits locaux et on assiste à l’émergence d’une gastronomie propre à la province. C’est en partie ce contexte favorable qui a ouvert la voie à l’essor de la viticulture québécoise. Quitte à consommer local, autant y aller jusqu’à la lie !

Les premiers vignobles du Québec apparaissent dans les années 1980. Toutefois, cultiver la vigne dans un climat nordique ne va pas de soi — surtout quand on a comme modèle les vignobles d’Europe. Contrairement à celle-ci ou aux régions viticoles plus clémentes de l’Ouest canadien et des États-Unis, le Québec doit composer avec ses hivers longs et rigoureux. Beaucoup de vignes sont perdues durant ces premières années, et il faut repenser la façon de faire du vin.

L’utilisation de toiles géotextiles pour protéger les plants du gel devient ainsi une pratique répandue. Des expérimentations sont menées sur des cépages hybrides adaptés au climat, et l’on commence à s’intéresser aux cépages autochtones, mieux armés pour survivre à l’hiver.

Au fil du temps, les vignerons québécois innovent pour contrer ces défis. Ce patient travail d’adaptation permet peu à peu de construire une viticulture unique, façonnée par le froid.

Appellations et traçabilité

Pendant ce temps, l’écosystème viticole se structure. L’Association des vignerons du Québec (AVQ) voit le jour pour encadrer et promouvoir cette jeune industrie. En 2009, l’appellation « Vin du Québec certifié » est lancée, garantissant que le vin a été entièrement élaboré sur le territoire, de la vigne à la mise en bouteille.

En 2018, l’AVQ devient le Conseil des vins du Québec (CVQ), et le gouvernement reconnaît officiellement l’indication géographique protégée (IGP) « Vin du Québec », assurant une traçabilité complète de la vendange au produit fini.

L'Orpailleur blanc, image SAQ

Aujourd’hui, le Québec compte près de 180 vignobles répartis dans neuf principales régions viticoles, dont les Cantons-de-l’Est, la Montérégie, l’île d’Orléans ou encore les Laurentides.

Des domaines phares incarnent cet essor :

  • L’Orpailleur, pionnier établi dans les Cantons-de-l’Est, a ainsi largement contribué à populariser les vins québécois.
  • Le Domaine du Nival, en Montérégie, s’illustre par ses vins fins et ses cépages rares (albariño notamment).
  • Les Pervenches, qui travaille en biodynamie, tout comme Négondos, premier vignoble bio du Québec, misent sur les pratiques durables.
  • Le Domaine Bergeville, quant à lui, s’est spécialisé dans les vins mousseux.

La consommation est en hausse, soutenue par les sommeliers qui expliquent et démystifient les vins locaux dans les restaurants. On est certes loin des vins boisés et corsés qui avaient la cote il y a encore une vingtaine d’années : la tendance mondiale est à la consommation de vins plus frais, issus de régions comme l’Autriche ou la Slovénie. Et ça tombe bien : le Québec s’inscrit parfaitement dans cette lignée. Les vins d’ici représentent leur terroir, nordique et frais, et les cuvées locales sont légères en alcool et parfois plus acides. Comme quoi, l’identité est aussi dans le verre.

Photo : Melissa Delzio, Vignoble Ste-Pétronille

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Marie Pâris

Diplômée de l’École supérieure de journalisme de Lille (France) et formée en journalisme international à l'Université Laval à Québec, Marie est installée à Montréal depuis 2013. Elle spécialise notamment dans la culture, la gastronomie et les questions de société. En plus de travailler sur des sujets transatlantiques pour Immigrant Québec, elle écrit pour plusieurs médias à l'étranger et au Québec (Tastet, Le Devoir, Revue JEU...)
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