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Chaque mois, La Vitrine invite une personnalité montréalaise, ambassadrice de la diversité culturelle, à nous partager ses idées de sorties culturelles. Ce mois-ci, notre invité est poète, romancier et dramaturge : Monsieur Karim Akouche.
Né en Kabylie, dans le Nord de l’Algérie, Karim Akouche vit au Québec depuis 2008. Il est l’auteur, entre autres, de La Religion de ma mère (roman), Allah au pays des enfants perdus (roman) et Qui viendra fleurir ma tombe ? (théâtre). Une pièce, tirée de son recueil de poésie Toute femme est une étoile qui pleure, est jouée à la Place des Arts en 2013 et au Théâtre La Chapelle en 2016. Il a publié le conte J’épouserai le Petit Prince en 2014 et fera paraître l’essai Lettre à un soldat d’Allah – Chroniques d’un monde désorienté en mars 2018 aux éditions Écriture-l’Archipel. Karim Akouche est également chroniqueur au Huffington Post et collaborateur à plusieurs journaux, dont Le Devoir et Marianne.
Quelles sont vos salles de spectacles favorites dans la métropole?
Les salles de la Place des Arts sont définitivement mes salles préférées puisque j’ai eu l’occasion d’y faire jouer deux de mes textes. Chaque salle a son charme et distille, en fonction des spectacles qu’elle accueille, différentes émotions. La taille de la salle n’a aucune importance : j’aime aussi bien la Salle Claude-Léveillée, parce qu’elle offre une ambiance poétique et intimiste, que la Salle Wilfrid-Pelletier qui propose des spectacles imposants : des grands ballets, des orchestres de jazz complets, des comédies musicales, etc. Étant un grand amateur du 6ème Art, j’aime presque tous les théâtres de Montréal : le Théâtre Prospero, le Théâtre du Rideau Vert, le Théâtre Denise-Pelletier et La Chapelle (où, fin 2016, la comédienne Marie-Anne Alepin a interprété, avec beaucoup d’audace et de talent, mon texte Toute femme est une étoile qui pleure) sont mes favoris. Des amis écrivains m’en voudraient de ne pas citer L’Escalier, le Gainzbar (devenu récemment Nestor) avec son indétrônable Vivement Poésie de mon ami Fulgence Bla, le Bistrot de Paris, le Lion d’Or où nous avons maintes fois déclamé, Gary Klang, d’autres poètes et moi, des textes chantant la liberté et l’amour, et autres endroits populaires où nous avons l’habitude de jouer les troubadours autour d’un verre, au milieu des amoureux de la littérature et de la vie.
Quels artistes, toutes disciplines confondues, avez-vous envie d’aller voir dans les prochaines semaines?
Étant un grand passionné du théâtre de Ionesco, je n’hésiterais pas à aller voir Les Chaises qui sera bientôt jouée au Théâtre du Nouveau-Monde. Je suis curieux de voir comment Frédéric Dubois en fera la mise en scène. Comment plongera-t-il les comédiens dans le monde insolite ionescien, le burlesque, l’outrance et le tragique. Le couple de vieillards des Chaises, qui a inventé un stratagème absurde pour tuer l’ennui, est touchant. Leur destin est une métaphore de la vie, éternelle, valable hier, aujourd’hui et demain. J’ai toujours pensé que la plus grande maladie de notre époque est la solitude. Plus nous sommes envahis par le virtuel et l’artificiel, plus nous devenons solitaires et froids. Nous vivons en quelque sorte la fin des émotions : en plus de la crise du langage perçue par Beckett, Cioran et Ionesco, nous vivons la crise du geste. L’Histoire prend le TGV, l’être humain n’a plus le temps, il court tout le temps, chargé de futilités, angoissé et vide. Étant romancier et lecteur de Dostoïevski, je serais aussi tenté par l’adaptation de L’idiot programmée au Théâtre du Nouveau-Monde, et peut-être également par la comédie dramatique Hurlevents, de Fanny Britt, librement inspirée du roman Les Hauts de Hurlevent d’Emily Brontë, dans une mise en scène de Claude Poissant, produite par le Théâtre Denise-Pelletier.
Côté musique, j’irais peut-être voir Concert contre le cancer à la Maison symphonique le 6 avril. C’est pour une bonne cause. Le pianiste André Plante y sera accompagné par l’Orchestre Métropolitain de Montréal.
Quels sont vos coups de cœur parmi le calendrier des festivals de La Vitrine ?
Montréal est une ville plurielle, les cultures, diverses et métissées, y ont du caractère. Tous les rythmes, toutes les couleurs, tous les accents se côtoient dans un bouillon d’arts florissant, constamment en mouvement. C’est une ville-monde qui danse sur le Saint-Laurent, où le rock côtoie la salsa, la cornemuse accompagne le luth, et le tam-tam, en été, transforme le Mont-Royal en petit Bamako. Je ne rate jamais le Festival international de Jazz de Montréal, peut-être le plus riche, du moins le plus dynamique du monde. Étant originaire de Kabylie, un Amazigh d’Afrique du Nord, je suis un fidèle abonné des Nuits et des Vues d’Afrique. Enfin, ayant le français comme passion et outil de travail, je me rends souvent aux Francofolies de Montréal et au Metropolis Bleu.
Quelles sont, selon vous, les activités culturelles les plus représentatives de la richesse interculturelle montréalaise?
Peut-être, la musique et la poésie. Question ouverture, le théâtre, le cinéma et la télévision sont à la traîne, pour ne pas dire fermés. Montréal gagnera à les ouvrir davantage aux artistes de la diversité. Dans le domaine des arts visuels, j’ai découvert récemment un événement unique en son genre, « La virée des ateliers », où des artistes plasticiens de toutes les origines ouvrent leurs ateliers, rue Parthenais, dans Hochelaga, et accueillent le public pendant 4 jours au mois de mai. La Cinémathèque québécoise, en diversifiant sa programmation, en projetant des films traitant de sujets d’ici et d’ailleurs, va dans le même sens. J’invite les acteurs des 6ème et 7ème Arts à s’inspirer de ces louables initiatives. Montréal est riche de tous ses artistes, qu’ils y soient nés ou pas.
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