Bien avant l’arrivée des Français, des Britanniques et même des Vikings, les terres connues aujourd’hui comme le Canada étaient habitées par plusieurs peuples que l’on rassemble aujourd’hui sous le terme Autochtones.
Selon le recensement de 2016, on dénombre 182 890 représentants autochtones au Québec, qui représentent ainsi 2,3 % de la population de la province.
Une multitude de communautés
Le gouvernement canadien distingue les peuples autochtones selon trois branches :
- les Inuits,
- les Métis, et
- les Premières Nations.
Au-delà de ces catégories, les populations autochtones sont constituées d’une multitude de communautés différentes, aux histoires, pratiques et langues différentes, qui définissent chaque individu au sein de sa nation.
Au Québec, les Autochtones forment actuellement 11 nations. Parmi elles, 10 sont des Premières Nations, qui représentent 50,7 % des Autochtones du Québec, auxquelles s’ajoute une nation inuite. À elles toutes, elles constituent 55 communautés différentes réparties sur l’ensemble du territoire.
En matière de culture et de langue, la nation inuite appartient à la famille eskaléoute. Autrement, les Premières Nations sont divisées en deux familles :
- iroquoienne, pour les Mohawks et les Hurons-Wendats, et
- algonquienne, pour les huit autres nations, qui sont traditionnellement nomades.
À savoir : Les termes « Indien » ou « Amérindien » sont à proscrire, étant donné que c’est ainsi que les Français et les Anglais ont nommé les Autochtones, pensant être en Asie et non sur le continent américain, et ont continué à utiliser ces termes pour la colonisation et l’assimilation. Les populations autochtones préfèrent le terme Premières Nations, Inuits, Métis ou Autochtones.
Les dernières données démographiques datent de décembre 2019 et ont été réalisées par le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec. Service aux Autochtones Canada a cependant des données sensiblement différentes. Nous écrirons ici la population totale, résidente dans leur communauté d’affiliation ou non-résidente, selon les données de Québec.
Famille eskaléoute ou eskimo-aléoute
Inuits
14 communautés différentes et 12 362 personnes composent la population inuite. Vivant au-dessus du 55e parallèle dans le Nunavik (« le territoire où nous vivons » en inuktitut), les Inuits (« le peuple ») occupent une région de 560 000 km².
La langue inuktitute est encore largement utilisée, et l’anglais est la deuxième langue.
Ils étaient semi-nomades jusque dans les années 1950, avant de se sédentariser avec l’arrivée de la modernisation. Ils résident dans un territoire appelé Inuit Nunangat, qui fait référence à la glace, la terre et l’eau de l’Arctique.
Leurs activités se concentrent sur la pêche, pour ceux qui vivent le long des côtes, le transport maritime et aérien, la protection de la faune, l’art et l’artisanat.
Ils jouissent d’un statut particulier, dans le sens où ils ne relèvent pas de la Loi sur les Indiens, comme les Premières Nations. Un territoire de plus de 8 000 km² leur est donc dédié pour leurs activités ancestrales (chasse, pêche, piégeage).
Leur porte-parole avec le gouvernement fédéral est la Société Makivik.
Famille iroquoienne
Mohawks (Kanien’kehá : ka)
Ils étaient composés de 19 633 personnes en 2019. Les Mohawks sont surtout concentrés autour de Montréal, pour ceux qui vivent à l’intérieur de la province québécoise. On trouve les autres membres entre l’Ontario et l’État américain de New York.
Leur économie est basée sur la construction, le transport routier, la foresterie, l’agriculture, l’art et l’artisanat.
Les Mohawks parlent la langue mohawk et l’anglais.
Grâce à un accord avec Québec, les Mohawks gèrent eux-mêmes leur hôpital, le Centre Kateri, leur police et l’enseignement dans les écoles.
Hurons-Wendats
Vivant à Wendake, proche de la Ville de Québec, les Hurons-Wendats étaient 4 124 en 2019. Ce « peuple du commerce » figure parmi les plus urbanisés, et leur art est très populaire, y compris à l’international, avec notamment les mocassins, les canots et les raquettes.
Les Wendats (« tête d’un sanglier » en iroquois) parlent la langue iroquoise, et leur société est matrilinéaire, comme toutes les nations iroquoises. C’est donc la mère qui dirige les questions quotidiennes, mais elles n’ont pas le droit de parole durant les conseils.
Le Conseil de la Nation huronne-wendat
Famille algonquienne
Innus (Montagnais)
En 2019, on recensait 21 132 Innus au Québec. Ils sont surtout installés aux abords du Lac-Saint-Jean et en Côte-Nord.
Résidant de manières très éparses sur le territoire, les Innus ont plus de difficulté à structurer leurs activités économiques. Comme d’autres Nations, ils vivent de la pêche, de la foresterie, de l’art et de l’artisanat, mais aussi de la construction et du transport. Certaines communautés travaillent également dans l’exploitation des ressources naturelles (mines, énergies éolienne et hydroélectrique).
La langue innue est encore parlée par la population. Un important musée est établi dans la communauté de Mashteuiatsh (Pointe-Bleue) et dédié à l’histoire et la culture des Innus du Lac-Saint-Jean, ainsi qu’aux savoir-faire des Premières Nations du Québec et d’Amérique.
La Nation innue a créé le site Nametau Innu, pour partager les savoirs sur le territoire innu, appelé le Nitassinan, mais aussi la plateforme Tshakapesh. Cette dernière a été initiée pour partager la culture et la langue innues, mais elle propose aussi des services d’éducation pour tous.
Il existe deux conseils tribaux, le Conseil de la Première Nation des Innus Essipit et le Conseil des Innus de Pessamit.
Cris (Eeyou)
En 2019, Québec recensait une population de 18 557 personnes résidant au nord de Chibougamau, le long de la Baie-James jusqu’au sud de la Baie d’Hudson, un territoire de plus de 400 000 km².
Peuple nomade, les Cris viennent originairement de l’Ouest canadien.
Forts d’une culture encore ancrée et très présente, les Cris ont créé l’Institut culturel Aanischaaukamikw où sont proposées différentes activités alliant modernité et traditions.
La chasse et la pêche sont des activités traditionnelles encore très pratiquées.
La langue crie, l’iiyiyuu ayimuun, est parlée par près de 20 000 personnes et est enseignée dans les établissements scolaires. C’est la deuxième langue autochtone la plus parlée au Canada.
Grâce à la signature de différents documents comme la Convention de la Baie-James et du Nord québécois, les Cris sont autonomes dans la gestion de leur territoire et de ses ressources naturelles. Cela a entraîné la création d’un système complet d’administration et d’institutions.
Le Grand Conseil des Cris (Eeyou Istchee)
Algonquins (Anishinabeg)
Principalement concentrés en Abitibi-Témiscamingue et en Outaouais, on dénombrait en 2019 12 607 Algonquins au Québec, répartis dans 9 communautés.
Le quotidien du peuple des terres est profondément lié au territoire qui l’entoure, ainsi qu’aux nombreux lacs. Leurs activités sont surtout forestières, artisanales et touristiques. Ils travaillent aussi dans les domaines de la construction et du transport.
Dans leur artisanat, les Algonquins fabriquent des vêtements en peau d’orignal, des paniers en écorce de bouleau, des broderies de perles et le tikinagan (le porte-bébé traditionnel).
La langue algonquine appartient à la famille linguistique algonquienne. Le nom « Québec » provient de l’algonquin « kébec » (là où le fleuve rétrécit).
Depuis 2005, le Centre culturel Kitigan Zibi Anishinabeg partage la culture, la langue, les coutumes et l’histoire anishinabeg.
Le Conseil tribal de la nation algonquine Anishinabe
Atikamekw (Attikameks)
Concentrés en Haute-Mauricie et dans ses environs, les Atikamekw ou Attikameks étaient au nombre de 8 148 en 2019. Leur territoire se nomme Nitaskinan (« notre terre » en atikamekw).
La langue atikamekw est proche du cri et du français et demeure utilisée quotidiennement.
L’année est divisée en 6 saisons et les activités varient durant chacune d’elle : entre la chasse et la pêche, la trappe des castors, la confection de paniers d’écorce, de vêtements et de raquettes. Ils ont pour surnom le « peuple de l’écorce ».
Le Conseil de la nation atikamekw
Micmacs (Mi’gmaq)
Au nombre de 3 893 en 2019, les Micmacs sont le « peuple de la mer » et vivent en Gaspésie, entre la baie des Chaleurs et le Saint-Laurent.
Originellement, ils se sont installés dans la baie de Gaspé (Gespeg, « là où la terre prend fin » en Mi’gmaq). Répartis dans trois communautés, ils vivent principalement de la pêche, de la foresterie, de l’art et de l’artisanat (de paniers de frêne entre autres), des pourvoiries et du tourisme.
La vie est régie à la fois par le Secrétariat Mi’gmawei et par le Conseil de bande de Gespeg.
Le site d’interprétation micmac a été créé pour sensibiliser les visiteurs à la culture micmaque.
Abénaquis (Waban-Aki)
Au nombre de 3 087 personnes, les Abénaquis se concentrent au Centre-du-Québec et autour de Trois-Rivières, en Mauricie. Ils vivent également dans les états du Maine, du New Hampshire et du Vermont, aux États-Unis. Ils vivent à Odanak et Wôlinak, dans des milieux semi-urbanisés.
Le « peuple au cœur de frêne » pratique la vannerie, une activité traditionnelle, mais aussi la danse. Il existe aussi quelques groupes de chants et de tambours. Ils mettent en valeur leurs cultures à travers le tourisme.
Le Musée des Abénakis d’Odanak est le premier musée autochtone créé au Québec.
Le Conseil des Abénakis d’Odanak
Naskapi
La nation naskapie vit principalement dans la terre réservée Kawawachikamach, en Côte-Nord québécoise. Ils étaient 1 447 en 2019.
Ils ont conservé une grande partie de leur mode de vie traditionnel via la langue naskapie, mais aussi la pêche, la chasse et le piégeage.
De même que les Cris, les Naskapis ne relèvent pas de la Loi sur les Indiens, ce qui leur donne davantage d’autonomie.
Leur chef garantit à la nation la bonne gestion des ressources naturelles, des services communautaires et des finances de la nation.
Malécites (Wolastoqiyik)
Au nombre de 1 243 personnes, les Wolastoqiyik sont le « peuple de la belle rivière », puisqu’ils vivent dans la vallée du Saint-Laurent au Québec, à Whitworth non loin de Rivière-du-Loup. Ils sont aussi installés au Nouveau-Brunswick et dans le Maine.
Ils résident de manière assez éparpillée sur leur territoire et vivent de la pêche, notamment pour le commerce, avec l’entreprise Pêcheries Malécites par exemple, du tourisme, de l’artisanat et des arts. Constitué majoritairement de forêt, leur territoire leur fournit des ressources de la faune et de la flore pour se nourrir.
Ils parlent le wolastoqey latuwewakon et leurs coutumes se rapprochent des celles des Micmacs.
Il existe un Centre d’interprétation sur l’histoire des Wolastoqiyik et des sentiers.
La Première Nation Wolastoqiyik
Au-delà de ces nations et des Inuits, il existe aussi une vaste population de Métis, c’est-à-dire d’ascendance mixte, mais aussi de personnes sans statut (non reconnus par la Loi sur les Indiens). Seulement, le gouvernement canadien reconnaît certains Métis, mais pas tous.
Pour aller plus loin :
- Le document Mythes et réalités sur les peuples autochtones de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse ;
- Une carte de localisation des Premières Nations au sein des 17 régions administratives du Québec, proposée par l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue.