Des barrières financières et linguistiques peuvent se dresser entre un projet migratoire et des objectifs professionnels. Le parcours de Mme Fernandez prouve que bien entouré, il est possible d’y arriver.
« C’était presque par accident », raconte Mme Fernandez, que son conjoint et elle se retrouvent dans un avion pour Montréal, en 2016, avec en main un aller simple vers le pays qui va devenir le leur.
Il y a plusieurs années, alors que le couple réside encore dans leur Venezuela natal, aux prises avec une crise économique et politique majeure, Mme Fernandez envisage d’émigrer au Québec. « Mais ce n’était pas possible pour nous à ce moment-là, pour des raisons financières », se souvient-elle, mais aussi parce qu’elle estimait que les conditions d’apprentissage du français étaient difficiles à conjugueur avec un emploi à temps plein.
Détenant la double nationalité vénézuélienne et espagnole, Mme Fernandez choisit plutôt de se tourner vers l’Europe. Le couple s’installe alors en Irlande, où il restera un an et demi.
C’est là, de manière plutôt inattendue, qu’une opportunité se présente pour partir au Québec. « Et on l’a saisie ! », s’exclame Mme Fernandez.
Des obstacles à surmonter
Si le rêve peut enfin devenir réalité, il se heurte malgré tout aux défis et aux imprévus qui accompagnent généralement un projet migratoire, y compris le mieux préparé.
Diplômée en psychologie du Venezuela, et avec près de huit années d’expérience professionnelle, Mme Fernandez est confrontée aux exigences de l’Ordre des psychologues pour pouvoir continuer à travailler dans son domaine au Québec.
Au Québec, plusieurs métiers et professions sont réglementés. Après son départ du Venezuela, elle avait pu continuer à exercer comme psychologue dans un cabinet privé en Irlande. Mais au Québec, Mme Fernandez doit obtenir des équivalences afin de reprendre son activité professionnelle, qu’elle souhaite poursuivre à tout prix.
Pour obtenir le permis nécessaire, l’Ordre lui demande de reprendre trois cours à l’université, dont l’un qui concerne les pratiques éthiques et déontologiques québécoises, auxquels s’ajoutent quelque 800 heures d’internat.
En parallèle, Mme Fernandez doit apprendre le français et préparer l’examen prescrit par l’Office québécois de la langue française.
Avec son mari, qui poursuit de son côté des études doctorales, « c’était beaucoup de pression économique », reconnaît Mme Fernandez. « Ce n’était pas possible pour moi de maintenir un travail à temps plein en même temps de suivre les cours à l’université et l’internat », admet-elle.
Un prêt à taux bas
Une fois encore, le hasard fait bien les choses : à travers la bannière courriel d’un organisme de bienfaisance, Mme Fernandez entend parler du Moulin Microcrédits, qui propose aux personnes immigrantes d’obtenir des microprêts pour leur permettre de réaliser leur projet professionnel au Canada.
« Au début, j’ai rempli des formulaires, j’ai envoyé les documents qu’ils m’ont demandés, et ensuite j’ai eu un rendez-vous avec une conseillère — qui était vraiment gentil et qui m’a aidée à comprendre un peu le processus », détaille Mme Fernandez. En suivant seulement quelques étapes, elle est redirigée vers une banque partenaire, auprès de laquelle elle ouvre un compte et obtient une marge de crédit.
Avec le support de sa conseillère du Moulin Microcrédits, la future membre de l’Ordre des psychologues du Québec a reçu un prêt d’un an, le temps de compléter ses équivalences.
Selon elle, « l’avantage évident est que les taux d’intérêt sont très bas, comparé aux autres possibilités de crédit qui existent sur le marché. Pour moi, l’important c’était aussi d’avoir quelqu’un qui pouvait me rediriger vers les ressources spécialisées pour les gens qui suivent un parcours d’équivalences professionnelles », poursuit-elle. Grâce au référencement du Moulin Microcrédits, « j’ai déjà des organisations identifiées qui peuvent me fournir des informations, m’aider à mieux construire mon CV ou savoir comment me présenter [devant un futur employeur] », se réjouit-elle.
Cinq ans après son arrivée au Québec, Mme Fernandez espère pouvoir pratiquer à nouveau en tant que psychologue d’ici un an. Si elle n’est pas à l’abri de nouveaux imprévus, elle sait maintenant où trouver le support pour atteindre son objectif professionnel.
Et malgré les obstacles qu’elle a eu à surmonter, elle n’envisage pas de quitter le Québec, dont elle admire la culture et la diversité.