Se faire tutoyer par des inconnus ou faire la file pour monter dans l’autobus sont des particularités québécoises que découvrent vite les nouveaux arrivants. Mais, ces derniers sont généralement moins conscients des différences culturelles qui existent en matière de finances personnelles. Or, les ignorer n’est pas sans conséquence sur leur compte en banque !
Même si on y parle surtout français, le Québec est plus influencé culturellement par ses voisins anglophones que par ses cousins francophones. Une Amérique du Nord qui, encore plus qu’ailleurs dans le monde, consomme allègrement. Ce processus se nourrit de l’accès facile au crédit.
Si le Québec valorise autant le crédit, c’est qu’il y règne un état d’esprit dynamique et optimiste. Offrant des conditions de vie confortables et sécuritaires, ainsi qu’une certaine couverture sociale (chômage, sécurité sociale), cette nation récompense la prise de risques plutôt que de stigmatiser l’échec. Faire faillite n’est pas encouragé – le dossier de crédit en restera entaché pendant 7 ans – mais est plus socialement acceptée qu’en Europe, par exemple. Mais ce n’est pas sans contrepartie. 66% des ménages québécois sont endettés, contre environ la moitié des ménages français. Et, leur ratio d’endettement est d’environ 170% alors qu’il avoisine les 90% en France.
Les risques du crédit
Pour les immigrants, une fois passé le cap encore parfois difficile de l’obtention de la première carte de crédit, succomber à la tentation est encore plus périlleux. Frappés par un taux de chômage supérieur à celui des Québécois, les immigrants mettent parfois plusieurs années à obtenir un emploi à la hauteur de leur compétence, et donc un revenu correspondant à leurs besoins. Plus fragiles économiquement, ils sont aussi plus vulnérables en raison de leur moindre connaissance du fonctionnement des cartes de crédit. « Certaines personnes ont une dizaine de cartes sans vraiment en comprendre l’impact », constate Johanne Arnould, conseillère budgétaire à l’Association coopérative d’économie familiale (ACEF) du Nord de Montréal et qui est arrivée de France il y a 17 ans. « Par exemple, les gens ne sont pas forcément conscients des taux intérêts élevés des cartes de crédit émises par les magasins qui peuvent atteindre 25% voire 30%, soit jusqu’à 20 points de plus que les cartes de crédit des banques.