Préoccupée par le manque d’informations en temps de pandémie, l’avocate Sibel Ataoğul a lancé, avec plusieurs collègues avocats, juristes et professeurs de droit, une clinique juridique virtuelle pour venir en aide aux personnes touchées par les effets de la crise sanitaire, sociale et économique que nous subissons aujourd’hui. Elle nous guide à travers un service gratuit et bienvenu.
En deux mots, à quoi sert ce service virtuel ?
Il s’agit à la fois d’un groupe Facebook et d’une foire aux questions. Cette dernière est régulièrement mise à jour de façon aussi exhaustive que possible.
Dans le contexte de pandémie actuelle, de nombreuses personnes se retrouvent dans des situations de vulnérabilité. Ainsi, nous destinons notre service principalement aux travailleurs autonomes, aux employés, aux locataires, aux étudiants, etc.
Notre objectif est de les informer autant que possible sur les programmes d’aide mis en place, mais aussi, de façon plus générale, sur leurs droits en tant que travailleurs, sur le droit au logement, sur des questions de santé, de sécurité et de liberté civile.
Par ailleurs, depuis le départ, nous avons aussi constaté que de nombreuses situations n’avaient pas été prises en compte dans les mesures gouvernementales. Comme certains d’entre nous disposent de contact au parlement, nous avons aussi pu faire remonter ce type de problèmes et ainsi contribuer à faire avancer la situation.
Comment fonctionne le service ?
Aujourd’hui, nous sommes une dizaine à nous relayer bénévolement sur Facebook, du lundi au vendredi, de 9 heures à 17 heures, afin de répondre aux très nombreuses questions des usagers et de mettre à jour la FAQ en fonction des demandes et des nouvelles mesures prises par nos dirigeants.
Les personnes volontaires sont des juristes, notamment spécialisés en droit du travail et en droit du logement : nous sommes capables d’apporter des réponses efficaces dans la plupart des cas.
En revanche, nous ne donnons pas de conseils juridiques. On ne va pas jusqu’au litige. Les personnes qui ont un litige ou autre peuvent s’adresser au Barreau du Québec qui offre un service de clinique d’assistance juridique. Par ailleurs, notre FAQ offre une section avec toutes les ressources nécessaires pour les gens qui en auraient besoin.
Vous avez mis en place ce service seulement quelques jours après le début de la crise de Covid-19. Comment en êtes-vous arrivés là ?
Dès le début de la pandémie, nous avons constaté une réelle demande d’informations juridiques de la part du grand public, à commencer par les étudiants ou les travailleurs temporaires, qui avaient de la difficulté à accéder à des informations claires sur leurs situations.
Moi je suis avocate spécialisée, entre autres, en droit et du travail. J’ai travaillé pendant près de 15 ans dans le milieu syndical. Je connais bien les enjeux qui touchent les travailleurs.
Au départ, comme plusieurs collègues, j’ai pris le parti de répondre quand je le pouvais aux gens qui posaient des questions sur les groupes Facebook de solidarité.
Mais assez vite, nous avons jugé qu’il serait plus efficace de mettre en place un groupe dédié et organisé, tant la demande était grande. Cette période n’est pas facile, il y a beaucoup de stress, d’isolation et d’inquiétudes en tout genre.
Aujourd’hui, nous sommes une dizaine à nous impliquer dans le projet, dont 9 femmes.
Sibel Ataoğul est la fondatrice de l’Association des juristes progressistes du Québec.