Travailleurs qualifiés au Québec : des perspectives d’emploi qui s’améliorent avec la durée de résidence
Emploi Québec a récemment mis en ligne une série de documents sur l’emploi des immigrants de la catégorie des travailleurs qualifiés admis entre 2002 et 2009 au Québec. Cette étude a été conjointement réalisée par trois organisations impliquées dans le processus d’intégration des immigrants au marché du travail : le ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles (MICC), le ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale (MESS) et Emploi Québec. Un peu plus de 3000 immigrants ont répondu à des questions relatives à leur intégration au marché du travail québécois, à la reconnaissance de leurs acquis et compétences, à l’adéquation entre l’emploi qu’ils occupent et leurs compétences ainsi qu’à l’utilisation des services d’aide à l’intégration, y compris les services d’aide à l’emploi depuis leur arrivée. Voici les grandes lignes qui ressortent de cette enquête :
Situation d’emploi depuis la résidence permanente
Parmi l’ensemble des personnes immigrantes admises dans la sous-catégorie des travailleurs qualifiés, de 2002 à 2009, neuf travailleurs qualifiés sur dix (90,0 %) avaient, au moment de l’enquête, déjà occupé un emploi depuis l’obtention de la résidence permanente. Seulement une faible proportion (10,0 %) n’avait pas encore occupé d’emploi. De plus, la proportion d’individus ayant occupé un emploi progresse avec l’augmentation de la durée de résidence. Les travailleurs qualifiés ayant une durée de résidence de 13 à 36 mois ont occupé un emploi dans une proportion de 79,2 %. Cette proportion grimpe à 92,0 % pour ceux ayant de 37 à 60 mois de résidence et à 95,4 % pour ceux ayant résidé 61 mois et plus. Les travailleurs qualifiés natifs de l’Europe sont proportionnellement plus nombreux à avoir occupé un emploi depuis l’obtention de la résidence permanente (94,4 %) que ceux nés sur un autre continent. L’accès à l’emploi semble plus difficile pour les travailleurs qualifiés ayant une formation dans le domaine de la santé : seulement 80,1 % des personnes ayant une formation dans ce domaine ont occupé un emploi, soit un ratio bien en deçà des 90,0 % observés pour l’ensemble. Enfin, les personnes ayant suivi, avant l’admission, une formation dans un établissement d’enseignement situé en Roumanie, en France ou au Québec mentionnent plus fréquemment avoir eu, depuis l’obtention de leur résidence permanente, une expérience de travail dans la province (95,9 %, 95,3 % et 93,3 % respectivement), alors que les personnes ayant déclaré, au moment de l’admission, avoir obtenu leur dernier diplôme dans un établissement d’enseignement situé au Maroc (84,5 %), en Algérie (85,6 %) ou dans un autre pays (87,7 %) ont été moins présentes sur le marché du travail québécois.
Le cumul d’emplois
Près d’un travailleur qualifié sur six (16,5 %) ayant eu une expérience de travail sur le marché de l’emploi québécois a occupé au moins deux emplois simultanément depuis son entrée sur ce marché. le cumul d’emplois est également significativement plus fréquent parmi les travailleurs qualifiés qui ont une formation dans les domaines des arts, de la culture, des sports et des loisirs (30,7 %), de l’éducation (30,1 %) et des sciences humaines (23,7 %) que parmi ceux formés dans les domaines du génie et des services connexes (11,3 %), de l’information et de la technologie (12,6 %) ainsi que du commerce, de la gestion et de l’administration (14,7 %)
Le premier emploi
Plus de la moitié (55,9 %) des travailleurs qualifiés ayant occupé un emploi ont obtenu leur premier emploi moins de trois mois après l’obtention de la résidence permanente, alors qu’une faible proportion d’entre eux (moins de 10 %) ont dû attendre plus de deux ans. On observe que les personnes nées en Europe ont proportionnellement plus souvent décroché un premier emploi au cours des trois premiers mois suivant l’obtention de la résidence permanente (67,4 %) que les personnes nées sur un autre continent. Le premier emploi des travailleurs qualifiés était plus fréquemment un emploi de professionnel (27,0 %); suivent les emplois de technicien ou secrétaire, puis ceux de personnel général de la vente et des services ainsi que de travailleur semi et non spécialisé. Le premier emploi occupé était plus souvent un emploi lié au domaine de la vente et des services. Plus de la moitié (53,7 %) des travailleurs qualifiés estimaient que leur niveau de formation était supérieur à ce qui était demandé pour leur premier emploi, 40,0 % jugeaient être correctement qualifiés et seulement 4,9 % pensaient que leur niveau de formation était inférieur au niveau demandé. Le salaire annuel du premier emploi de la majorité (62,5 %) des travailleurs qualifiés se situait entre 20 000 $ et 50 000 $, moins du quart (22,1 %) d’entre eux avaient un revenu inférieur à 20 000 $, 13,4 % avaient un revenu annuel de plus de 50 000 $ à 100 000 $ et seulement 2,0 % avaient un salaire supérieur à 100 000 $. Les personnes qui avaient déclaré, au moment de l’admission, connaître uniquement le français ont été moins nombreuses à trouver un premier emploi dans un délai de 0 à 3 mois suivant leur admission que celles ayant mentionné connaître le français et l’anglais ou l’anglais seulement.
Démarche d’intégration
Plus de 70 % des répondants ont effectué plus de trois démarches d’intégration au marché du travail. La majorité des répondants (80,9 %) ont consulté l’information sur le marché du travail; ils étaient suivis des personnes ayant déposé une demande d’évaluation comparative des études au MICC (66,5 %) et de celles ayant utilisé le guide Apprendre le Québec (60,2 %).
Emploi occupé par les répondants au moment de l’enquête
Au moment de l’enquête, la plupart (73,7 %) des travailleurs qualifiés détenaient un emploi permanent. Le taux d’activité des hommes (84,1 %) est supérieur à celui des femmes (80,0 %). Ils ont également un taux d’emploi plus élevé (76,1 % contre 73,2 %), mais aussi un taux de chômage légèrement plus élevé (9,5 % contre 8,5 %). Les répondants natifs de l’Europe et d’Amérique ont les taux d’activité et d’emploi les plus élevés, alors que le taux de chômage est le plus bas chez les répondants natifs d’Asie et d’Europe. Lorsque les répondants n’ont pas fait de séjour au Québec avant la résidence permanente, le taux de chômage s’élève à 11,0 % contre 6,2 % dans le cas contraire. Aussi, un séjour préalable a également un effet positif sur les taux d’emploi et d’activité. Les répondants qui ont déclaré posséder, au moment de l’enquête, une connaissance tant du français que de l’anglais affichent des taux d’activité et d’emploi élevés et un taux de chômage (respectivement 82,9 %, 75,6 % et 8,8 %) qui tournent autour de la moyenne de l’ensemble des répondants (respectivement 82,8 %, 75,1 % et 9,2 %). Ces indicateurs sont cependant à la baisse lorsque les répondants déclarent ne pas posséder de connaissance du français ou de l’anglais. On remarque une augmentation de l’emploi permanent et du travail autonome ainsi qu’une diminution de l’emploi temporaire, saisonnier ou sur appel avec l’allongement de la durée de résidence.
Près des deux tiers des travailleurs qualifiés qui occupent un emploi déclarent être correctement qualifiés
Globalement, au fil du temps, non seulement plus de travailleurs qualifiés rapportent une expérience d’emploi sur le marché du travail du Québec, mais également les perspectives d’emploi semblent s’améliorer, du moins pour une partie d’entre eux. Pour consulter les résultats complets de l’enquête : http://emploiquebec.gouv.qc.ca/publications-et-formulaires/ Source : Enquête auprès des immigrants de la catégorie des travailleurs qualifiés – Direction de la recherche et de l’analyse prospective du ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles, la Direction de la recherche du ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale ainsi que la Direction de l’analyse et de l’information sur le marché du travail d’Emploi-Québec