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Que Monsieur Lazhar soit en lice pour l’Oscar du meilleur film étranger a de quoi réjouir, même s’il est déjà bardé de récompenses. Philippe Falardeau nous offre un film remarquable, qui témoigne de la vitalité et de la qualité du cinéma d’ici. Monsieur Lazhar est l’adaptation d’une pièce d’Évelyne de la Chenelière, une jeune dramaturge québécoise dont les œuvres sont jouées partout dans le monde. Le film nous présente une école primaire dans laquelle un professeur algérien (Fellag) remplace, au pied levé, et dans des circonstances dramatiques, une enseignante de sixième année.
Des personnages attachants
Une fois les personnages mis en place, le cinéaste nous fait découvrir plusieurs réalités. Celle des enfants, laissés dans le silence et qui peinent à faire le deuil de leur enseignante. Celle de cet immigré qui, bien qu’il ait été engagé sur la foi de fausses informations, permet aux élèves d’amorcer un processus de guérison, salutaire. Celle des enseignants, des parents et des nouveaux arrivants. Beaucoup de sujets, me direz-vous, mais le talent de Philippe Falardeau consiste à tisser une riche toile de fond tout en laissant les émotions des personnages effleurer notre humanité. Je dis effleurer, car la sobriété et la délicatesse avec lesquelles le cinéaste aborde ces sujets chargés permettent une réelle vibration du coeur. Des touches d’humour tout aussi fines émaillent le récit. Le jeu des acteurs est d’une justesse renversante. Fellag est étincelant de pudeur, les enfants, à fleur d’émotions brutes. Les enseignants et la directrice de l’école sont convaincants. La musique de Martin Léon accompagne avec discrétion la fragilité des personnages.
Une nomination méritée
Philippe Falardeau a résisté à toute sensiblerie et à tout retournement invraisemblable, un exploit en ces jours où réconforter le spectateur à tout prix est la norme. Bref, le quatrième long métrage de ce cinéaste doué mérite largement une reconnaissance internationale. La nomination de Monsieur Lazhar pour l’Oscar du meilleur film en langue étrangère met toutefois Philippe Falardeau en grande compagnie. Le favori pour cet Oscar est Une séparation, du cinéaste iranien Asghar Faradi. Le film iranien a reçu en 2011 un Ours d’or et deux Ours d’argent à la Berlinale en 2011, ainsi que le Golden Globe du meilleur film étranger. Fait rare, il est aussi en nomination pour l’Oscar du meilleur scénario original. Une Séparation sortira au Québec le 24 février.
Le cinéma québécois à l’honneur aux Oscars 2011 et 2012
L’année passée, Incendies, de Denis Villeneuve, était en lice. Cette œuvre magistrale, elle aussi adaptée d’une pièce d’un dramaturge québécois (Wajdi Mouawad) a été coiffée par le film danois A better world de Susanne Bier. Excellent, certes, mais loin d’avoir le souffle de Incendies selon moi. Si je ne regarde pas la cérémonie des Oscars le 26 février prochain, le 27 au matin, je vais me hâter de vérifier si Philippe Falardeau est passé du 7e au 8e ciel. Le Canada fait très bonne figure aux Oscars cette année, avec deux autres nominations dans la catégorie court métrage d’animation : Dimanche (Patrick Doyon) et Wild Life (Amanda Forbis) tous deux produits par l’Office national du film. Christopher Plummer, un acteur canadien est en lice pour l’Oscar du meilleur second rôle masculin.
Monsieur Lazhar
Réalisation : Philippe Falardeau. Acteurs : Fellag, Sophie Nélisse, Émilien Néron, Danielle Proulx, Brigitte Poupart, Jules Philip, Louis Champagne, Daniel Gadouas, Stéphane Demers. Scénario : Philippe Falardeau. Photographie : Ronald Plante. Musique : Martin Léon. Montage : Stéphane Lafleur.