L’immigration est un levier stratégique de l’économie québécoise, notamment pour prévenir un manque de main-d’œuvre. Mais une immigration réussie passe d’abord par une bonne intégration des nouveaux arrivants. Dans ce sens, le gouvernement québécois a lancé depuis un an une grande campagne de communication pour valoriser et favoriser l’intégration des travailleurs étrangers au Québec.
Le premier volet de cette campagne a débuté au printemps 2011 et visait essentiellement la population québécoise. La deuxième partie, visible depuis fin mars, cible davantage les employeurs et les milieux de travail. L’objectif, faire tomber les barrières et les obstacles sur le recrutement d’un travailleur immigrant. Au Québec, tout comme au Canada, les nouveaux arrivants ont un taux de chômage plus élevé que les natifs. En 2009, le taux de chômage chez les immigrants très récemment arrivés au Québec (durée de résidence inférieure ou égale à 5 ans) était de 22,4%, alors qu’il était de 15,2% chez les immigrants installés depuis plus de 5 ans (source : Institut de la statistique du Québec, Rapport sur la participation des immigrants au marché du travail en 2009).
Déployée sur le Web et à la télévision, cette campagne qui a pour thème Toutes nos origines enrichissent le Québec met en avant le rôle essentiel des personnes de toutes origines au développement de la province. Six portraits d’immigrés sont présentés sous la forme d’une websérie. On y découvre, par exemple, le parcours de Daniel, d’origine burundaise et arrivé au Québec en 2002 en tant que réfugié politique. Il est aujourd’hui propriétaire d’un marché d’alimentation de la région. Ou encore l’histoire de Rodolfo, québécois d’origine vénézuélienne et actuellement consultant en gestion de projet. Chaque histoire est enrichie par les témoignages de leurs proches et leurs collègues qui les côtoient au quotidien.
Le site web propose également un espace réservé aux employeurs avec un ensemble d’outils et de services pour faciliter l’embauche d’un travailleur étranger.
L’immigration et l’intégration de cette nouvelle population sont un enjeu d’avenir majeur pour le gouvernement québécois. Selon le ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles (MICC), près de 55 000 personnes ont choisi d’immigrer au Québec en 2011. Et, toujours pour l’année 2011, il n’y a jamais eu autant d’enfants nés au Québec de parents provenant tous deux de l’étranger, passant de 7,3 % en 1980 à 18,4 % l’an dernier. Pour la ville de Montréal seule, 28% de sa population serait née hors du Canada. (source : Institut de la statistique du Québec, Bulletin Coup d’œil sociodémographique n°16 – avril 2012).
A peine déployée, cette campagne est déjà critiquée sur Internet. Des blogueurs québécois reprochent au gouvernement de « dépenser des millions dans des campagnes de sensibilisation et des webséries documentaires » ou encore d’avoir « savamment choisies des profils [d’immigrants] gagnants » pas représentatifs du « chômage qui frappe nettement plus les immigrants que les Québécois de naissance, et les revenus réels en baisse des immigrés récents ».