Dans une longue allocution donnée le 21 mars 2024, les ministres Miller et Boissonnault sont revenus dans le détail sur les raisons qui amènent Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) et Emploi et Développement social Canada (EDSC) à reconsidérer les politiques publiques vis-à-vis des résidents temporaires.
On le sait, les pressions exercées sur l’immigration depuis le début de l’année sont fortes. L’augmentation récente du nombre de résidents temporaires au pays, qui représentent aujourd’hui 6,2 % de la population, met à l’épreuve les capacités d’accueil de plusieurs provinces et localités, qui peinent à garantir l’accès des populations à des services de base comme le logement, la santé ou l’éducation devant l’afflux soudain de nouveaux arrivants.
La situation a déjà amené le gouvernement à prendre un certain nombre de mesures. Mais, en dehors du retour du visa pour les voyageurs mexicains, l’essentiel des mesures prises concernait jusqu’alors les étudiants étrangers :
- Plafonnement du nombre de permis d’études délivrés en 2024 et 2025 ;
- Restrictions d’accès au permis post-diplôme pour les étudiants étrangers qui fréquentent un collège privé non subventionné ou qui suivent un programme d’études dans un collège privé en vertu d’un accord d’utilisation avec un collège public ;
- Fin de l’accès au permis de travail ouvert pour les conjoints et époux d’étudiants inscrits au collégial ou en premier cycle universitaire ;
- Indirectement, hausse des capacités financières exigées pour venir étudier au Canada.
C’est au tour des travailleurs étrangers temporaires, qui représentent (PTET et PMI confondus) 53 % de l’ensemble des résidents temporaires.
Au tour des travailleurs étrangers temporaires
M. Miller était accompagné de Randy Boissonnault, ministre fédéral de l’Emploi, du Développement de la main-d’œuvre et des Langues officielles.
Ce dernier a pu présenter les principaux changements en matière d’embauche de travailleurs étrangers temporaires (TET), qui entreront en vigueur à compter du 1er mai 2024 :
- Les Évaluations d’impact sur le marché du travail (EIMT) seront à nouveau valables pour 6 mois (contre 12 actuellement) ;
- La part de travailleurs relevant du PTET à bas salaire repassera de 30 % à 20 % de la masse salariale des entreprises, à l’exception des secteurs de la construction et de la santé ;
- Les employeurs seront tenus de mettre en œuvre tous les efforts nécessaires pour recruter localement, y compris parmi les bassins de demandeurs d’asile admis à travailler au Canada.
Des changements structurels à venir dans la planification de l’immigration
De l’ensemble de ces mesures (et de celles à venir), Marc Miller a exprimé son intention de faire baisser le nombre de résidents temporaires à 5 % de la population en trois ans, avec un double objectif à la clé :
- S’assurer de la bonne adéquation entre l’immigration temporaire et les besoins économiques, et
- Éviter « le piège » d’une économie qui repose sur cette même immigration temporaire.
Pour cela, le ministre a affirmé la nécessité de considérer l’immigration temporaire au même titre que l’immigration permanente, et l’importance de fixer des objectifs pour l’ensemble des catégories, et non seulement des permanents.
La nouvelle est importante : dès l’automne 2024, le Plan fédéral des niveaux d’immigration intégrera aussi les arrivées de résidents temporaires. Pour reprendre les termes du communiqué.
Une rencontre avec les représentants des provinces et des territoires sera d’ailleurs organisée au mois de mai, afin de coordonner les nouvelles orientations en matière de sélection et de répartition des travailleurs temporaires.
Accéder au communiqué d’Emploi et Développement social Canada.
Photo : Pavol Svantner