
On recense 48 écoles alternatives publiques à travers le Québec, en excluant les projets en cours. Comment se déroule le quotidien des élèves dans cet environnement scolaire, et comment cette approche se démarque-t-elle de l’école traditionnelle ? Démythifions ces questions !
Il aura fallu attendre 1974 avant de voir apparaître la première école alternative au Québec. Depuis, on en trouve de nombreuses (primaires, secondaires ou primaire-secondaire) réparties dans plusieurs régions de la province. La plupart de ces écoles sont initiées par une communauté de parents qui souhaitent offrir à leur enfant l’occasion d’apprendre autrement.
La philosophie derrière l’école alternative
Bien qu’elles soient intégrées aux centres de services scolaires du Québec, les écoles alternatives proposent un modèle plus libre, moins structuré que celui d’un établissement traditionnel. Inspirée des valeurs humanistes, la pédagogie alternative prône une « démarche d’apprentissage personnelle », au rythme de l’enfant, dans un milieu dynamique qui favorise la créativité, la coopération, l’inclusion et l’innovation, comme le présente le Réseau des écoles publiques alternatives du Québec (REPAQ). Ce dernier expose, sur son site, les 17 consensus qui définissent l’école alternative dans son document L’École publique alternative québécoise : ses conditions pour naître et se développer.
Voici quelques points saillants d’une approche, qui :
- encourage la responsabilisation de l’élève dans son apprentissage, ainsi que le développement de son autonomie ;
- abolit la distinction des niveaux, afin de respecter le rythme d’apprentissage naturel de chaque élève, au sein de groupes combinant des jeunes de différents âges ;
- fait participer activement la direction, les enseignants et les parents à l’épanouissement de l’élève, tout en lui offrant plus d’espace, de latitude et d’indépendance ;
- place les parents en position de co-éducateurs et de cogestionnaires de l’école ;
- laisse à l’enseignant un rôle de guide auprès des élèves ;
- permet à l’enfant d’évoluer à travers de multiples projets ;
- implique l’élève dans les décisions de l’école, afin d’aiguiser son sens de citoyen responsable et engagé.
Une approche à géométrie variable
Même si les écoles alternatives partagent des valeurs communes, le modèle varie selon la personnalité de chaque école et selon la pédagogie prônée (Freinet, Steiner, Montessori, etc.). À ce titre, les parents participent aux réflexions et aux décisions de l’école. Certaines écoles, par exemple, misent sur la méthode Montessori, qui fait valoir le respect de l’individualité, l’autonomie et le développement de la confiance en soi des enfants ; d’autres sur la pédagogie Warldorf, qui valorise la singularité, les capacités et le potentiel de chaque élève au moyen d’une démarche plus libre et artistique, etc.
Qu’apprend-on dans une école alternative ?
Les mêmes matières que dans une école standard, mais à travers une approche unique. L’élève évolue à son propre rythme en vue de maîtriser toutes les notions obligatoires à la fin de son parcours scolaire primaire ou, plus rarement, secondaire. Même si l’enseignement est personnalisé, l’école met à la disposition de chaque élève des outils pour qu’il atteigne les objectifs du programme du ministère.
De plus, le contexte d’apprentissage est plus souple. Les écoles alternatives peuvent inviter les parents à s’impliquer en classe en animant des ateliers, abolir les devoirs au profit de la lecture, miser sur le développement de connaissances ou d’aptitudes à travers des projets créatifs, ou délaisser les bureaux en rang au profit d’aménagements plus ludiques et orientés vers la collaboration, pour ne donner que quelques exemples.
Quels sont les avantages ?
Selon les témoignages de parents ou d’anciens élèves, les écoles alternatives permettraient généralement de gagner plus d’autonomie, d’intérêt pour l’apprentissage, de curiosité, en plus de favoriser un excellent développement global (communication, affirmation de soi, etc.).
Contrairement aux programmes alternatifs offerts dans les écoles spécialisées (art, sport, etc.), les élèves ne sont pas sélectionnés en fonction de leurs compétences. Pour que les enfants soient choisis, les familles doivent partager les valeurs de l’établissement et accepter de participer à la vie de l’école. De plus, l’école alternative est publique, donc il n’y a aucuns frais d’inscription.
Et les inconvénients ?
Si la transition à un système plus classique peut s’opérer facilement pour certains élèves, tant sur le plan social qu’académique, il peut en revanche exiger une petite adaptation pour d’autres. En effet, la plupart des écoles alternatives concernent le niveau primaire. Au secondaire, les enfants rejoignent généralement le système traditionnel — et son mode d’apprentissage.
Par ailleurs, comme tout autre modèle d’école, certains établissements peuvent mieux convenir aux familles que d’autres, d’où l’importance de bien s’informer, de participer aux réunions des portes ouvertes, de rencontrer le personnel et de visiter les locaux en amont de l’inscription.
Ce modèle d’éducation pique votre curiosité ? Le site Web du REPAQ fournit de plus amples informations ainsi qu’une carte interactive permettant de repérer les différentes écoles alternatives du Québec.
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