Le filet social rend-il les Québécois heureux ?

Au milieu des incertitudes et de l’instabilité économique mondiale actuelle, il y a tout de même quelque chose de rassurant : le Québec se classe au 6e rang des peuples les plus heureux, selon le Rapport mondial du bonheur publié en 2025 par le Réseau des solutions pour le développement durable des Nations unies.

Le Canada, lui, recule au 18e rang des peuples les plus heureux alors que le Québec se tient au 6e rang avec un indice de bonheur de 7,30 sur 10 (une information spécifique obtenue par La Presse auprès des chercheurs). En 2025, la thématique est axée sur le partage et la bienveillance alors qu’en 2018, elle portait sur le bonheur des immigrants. « Ils avaient déterminé qu’en général, la satisfaction de vie des personnes migrantes converge avec celle des populations du pays local. Cela a été soulevé dans d’autres recherches et ils arrivent à des conclusions semblables », résume Nathalie Guay, directrice de l’Observatoire québécois des inégalités. Autre observation des chercheurs qui semble évidente, mais qu’il importe de rappeler : dans un pays plus accueillant, les immigrants sont plus heureux.

Et qu’est-ce qui fait le bonheur des Québécois ? Ils bénéficient notamment d’un filet social important, qui les soutient en cas d’imprévu, comme la maladie, la perte d’un emploi ou encore l’agrandissement de la famille.

Des bases solides

Le filet social, ce sont des programmes qui protègent les individus et les familles contre les conséquences des crises économiques, de la pauvreté, des catastrophes naturelles, par exemple. Il est notamment financé grâce aux impôts sur le revenu : au Québec en 2023, le taux de pression fiscale (impôts provinciaux et fédéraux, taxes, cotisations, etc.) était de 39,4 % contre 34,9 % pour le reste du Canada. Bien que certains débattent de la pertinence d’un taux d’imposition si élevé, ou de la mauvaise redistribution des revenus de l’État, il reste qu’il sert à maintenir des services publics de qualité et accessibles au plus grand nombre, en général.

Voici quelques-uns d’entre eux :

  • Un régime de santé et une assurance médicaments universels ;
  • Des services de garde à l’enfance subventionnés ;
  • L’école publique gratuite pour les moins de 18 ans ;
  • Un congé parental à partager entre les deux parents, en plus des congés maternité et paternité ;
  • Une assurance-emploi ;
  • Un Programme d’aide sociale et un Programme de solidarité sociale.

Protège-t-il tout le monde, même les personnes migrantes ?

Les personnes immigrantes ont-elles accès à toutes ces mesures sociales ? La réponse est non. Tout dépend de leur statut. Éducaloi a publié en avril 2025 un document présentant les mesures sociales auxquelles chaque statut donne droit.

Par exemple, un résident permanent a droit à l’assurance-maladie de la Régie de l’assurance-médicaments du Québec (RAMQ), à l’aide sociale, à l’allocation pour enfants, au logement social, et au service de garde subventionné alors que pour les résidents temporaires, il y a des exceptions. Par exemple, seuls certains travailleurs temporaires et certains étudiants étrangers ont accès à la RAMQ, tandis que d’autres doivent souscrire une assurance privée durant leur séjour, en fonction de critères comme leur pays d’origine ou encore la nature de leur permis de travail.

Autre point, les résidents temporaires n’ont pas accès au logement social. Toutefois, tous, peu importe leur statut, ont droit à l’aide juridique, à l’école publique pour les enfants de moins de 18 ans et à l’indemnisation des victimes d’acte criminel (IVAC).

« Les groupes communautaires jouent un rôle très important d’accueil des personnes migrantes, de les orienter vers les ressources adéquates. »

Et même si la personne immigrante a accès à certaines mesures sociales, des obstacles peuvent diminuer l’accès aux ressources comme la barrière de la langue, la méconnaissance des ressources, le manque d’information, note Nathalie Guay.

Bien qu’ils ne combattent pas l’insécurité alimentaire ni la crise du logement, l’entraide et les contacts avec les autres sont aussi des sources de bonheur. Comme on peut le lire dans le Rapport mondial sur le bonheur, notre bien-être dépend aussi de notre perception de la bienveillance des autres, ainsi que de leur bienveillance réelle.

Photo : Mads Schmidt

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Marie-Anne Dayé

Journaliste indépendante, Marie-Anne Dayé s'intéresse notamment aux questions migratoires et aux enjeux sociaux. Bien qu'elle affectionne particulièrement le reportage écrit, elle aime aussi raconter des histoires et décortiquer des sujets par le biais de photos et de vidéos.
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