
L’immigration : des talents parfois gaspillés freinent la croissance canadienne
« Selon Statistique Canada, près de 100 % de la croissance de la population active au cours des dernières années est attribuable aux nouveaux arrivants », annonce Oumar Dicko, directeur national des partenariats chez Le Moulin Microcrédits. L’immigration est cruciale dans un contexte de vieillissement de la population et de pénurie de main-d’œuvre dans de nombreux secteurs. Les personnes immigrantes permettent ainsi de combler l’absence pure et simple de travailleurs canadiens et de répondre aux besoins dans des domaines clés tels que la santé, la technologie et d’autres industries vitales pour la prospérité du pays.
Mais en dépit de sa capacité à attirer les meilleurs talents, le Canada doit faire face à un défi majeur à l’origine de manques à gagner abyssaux d’un point de vue économique : le sous-emploi des travailleurs immigrants qualifiés. Un rapport de la RBC datant de 2019 estime que l’économie canadienne perd chaque année environ 50 milliards de dollars de PIB du simple manque d’opportunités pour ces nouveaux arrivants qui peinent à faire reconnaître leurs compétences.
Des obstacles à la validation des qualifications
Au Canada, de nombreux métiers doivent se soumettre à des processus de reconnaissance de compétences. C’est notamment le cas des professions réglementées, lesquelles doivent répondre à des normes élevées de service et de sécurité. D’autres doivent faire reconnaître leurs diplômes et/ou leur expérience via, a minima, une évaluation comparative des diplômes obtenus en dehors du Canada.
Cependant, ces procédures sont souvent longues, coûteuses et parfois difficiles, en particulier pour les immigrants récents qui n’ont pas encore de réseau professionnel ou de soutien financier solide. Pour plusieurs d’entre eux, les frais de réaccréditation, les examens et parfois même des cours de mise à niveau représentent des dépenses inaccessibles qui les découragent, les forçant à chercher des emplois en dehors de leur champ de compétences, voire en dessous de leur niveau de qualification. Il n’est pas rare de voir des professionnels avec des années d’expérience, tels que des médecins, des ingénieurs et des infirmiers, œuvrant comme chauffeurs de taxi ou livreurs, faute de pouvoir faire valoir leurs qualifications et de leur savoir-faire.
Un prêt pour soutenir les immigrants dans leurs démarches
Les enjeux de la requalification n’ont pas uniquement un impact économique pour le Canada. Les répercussions sociales face au manque de reconnaissance professionnelle pourraient donner une image négative du pays, considéré pourtant comme une terre d’accueil. Cela pourrait affecter l’intégration des nouveaux arrivants, voire les dissuader de venir s’installer ici. C’est la raison pour laquelle Le Moulin Microcrédits, organisation à but non lucratif, propose des prêts afin qu’ils puissent mettre le pied à l’étrier et se lancer dans les démarches qui leur permettront de proposer leurs services à la hauteur de leurs qualifications et de leur expérience.
Ces prêts sont destinés aux personnes immigrantes titulaires de la résidence permanente, aux personnes protégées, aux réfugiés au sens de la Convention de Genève (avec un avis de décision), ou encore à celles qui ont obtenu la citoyenneté canadienne, dès lors qu’elles ont fait leurs études en dehors du Canada.
Les détails du microcrédit
Oumar Dicko explique comment fonctionnent ces prêts d’un montant maximal de 15 000 $ : « Cela nous permet de proposer des solutions adaptées aux différents besoins de nos bénéficiaires. Ce montant peut couvrir une variété de frais essentiels à la reconnaissance des compétences professionnelles, comme les frais de réévaluation, d’examens, ou encore des cours de mise à niveau. Nos prêts peuvent également financer des frais de subsistance pour ceux qui ont besoin de temps pour se préparer aux examens ». Il n’y a donc pas de restrictions strictes sur l’utilisation des fonds, tant que cela contribue à la reconnaissance des compétences ou au développement professionnel.
Par exemple, une personne travaillant dans le secteur technologique peut utiliser ce financement pour suivre un cours de perfectionnement en développement de programmes informatiques, dans le but de progresser dans sa carrière.
« Nous soutenons aussi les changements de carrière. Prenons l’exemple d’un médecin qui, après plusieurs années au Canada sans pratique, souhaite se réorienter vers un domaine connexe, comme technicien de laboratoire ou en sonographie. Notre microprêt peut aussi soutenir cette transition »
Oumar Dicko
Un accompagnement supplémentaire
Enfin, il est important de savoir que cet accompagnement va au-delà de l’aide financière. Des coachs professionnels guident les nouveaux arrivants à comprendre les processus parfois complexes de la réaccréditation et de l’intégration. Le mentorat, en particulier, permet aux immigrants d’établir des connexions dans leur domaine professionnel, favorisant ainsi un meilleur accès aux opportunités. Ces relations professionnelles jouent un rôle crucial dans l’intégration, car elles offrent des conseils précieux et permettent aux nouveaux arrivants de mieux comprendre le marché de l’emploi canadien.
En plus de l’accompagnement professionnel, l’éducation financière est une composante essentielle des services offerts par ces organisations. Pour Le Moulin Microcrédits, il est important que les personnes immigrantes comprennent les rouages du système financier canadien, souvent très différent de celui de leur pays d’origine. Il leur est indispensable pour gérer efficacement leurs finances et rembourser leurs prêts. Avec les outils nécessaires pour réussir, les immigrants peuvent alors prétendre à des emplois qui correspondent à leur plein potentiel.
Photo : Micheile Henderson

À propos de Le Moulin Microcrédits
Le Moulin Microcrédits est un organisme de bienfaisance enregistré qui offre des micro-prêts aux personnes immigrantes qui souhaitent réaliser leurs objectifs de carrière au Canada.
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