Le Salon du livre de Montréal se tiendra du 27 novembre au 1er décembre 2024, et ça tombe bien : alors que le froid s’installe, on a plus que jamais envie de se blottir sous une couverture avec un livre. Pour vous donner quelques idées de lecture, on vous présente ce mois-ci quatre auteurs émergents québécois, dont les ouvrages ont en commun de nous faire voyager — dans le monde ou dans le temps.
Catherine Genest

Ancienne journaliste culturelle au magazine VOIR, Catherine Genest a publié en 2022 son premier roman, La Princesse du rythme (Boréal), qui retrace la vie de la vedette de la chanson des années 50 Guylaine Guy. Si Catherine entendait régulièrement ce nom dans ses réunions de famille — c’est une lointaine cousine —, elle a toujours trouvé dommage que le Québec ne connaisse pas mieux cette artiste, muse de Charles Trenet.
Guylaine Guy a aussi partagé la scène avec Louis Armstrong ; c’est ce dernier qui l’appellera la « Princesse du rythme », surnom qui a donné le titre de ce roman biographique. Elle nous plonge donc dans la vie de Guylaine Guy depuis ses débuts dans les cabarets du Red Light à Montréal jusqu’à sa fin de vie en Normandie, en passant par ses succès à Broadway. Catherine Genest travaille actuellement sur un deuxième roman.
Adis Simidjiza
Adis Simidjiza est arrivé à Trois-Rivières à neuf ans avec sa mère et son frère, pour fuir la guerre en Bosnie-Herzégovine. Il ne parlait alors pas un mot de français. Aujourd’hui doctorant en lettres, il a fondé l’organisme à but non lucratif Des livres et des réfugié-e-s, dont la mission est de faciliter l’intégration scolaire d’enfants réfugiés, ainsi que la maison d’édition DL&DR.

Il a ainsi auto-publié en 2016 un premier livre qui mêle nouvelles, correspondances et poésie, Confessions d’un enfant du XXIe siècle. S’en sont suivi L’enfant exilé de la vallée des arbres sucrés en 2019 et Turbulences, un ouvrage paru cet automne et qu’il présentera au Salon du livre. On apprend à travers ces différents titres l’histoire de sa famille, notamment l’assassinat de son père pendant la guerre, les détails de son arrivée au Québec ou encore son histoire d’amour avec les mots.
Beatrice Deer

Elle est connue dans le monde de la musique depuis les années 2000, mais cette auteure-compositrice-interprète originaire du Nunavik a aussi fait récemment son entrée dans le monde de la littérature avec une BD jeunesse, La femme-renard. Née d’un père Mohawk et d’une mère Inuk, Beatrice Deer a grandi à Quaqtaq, dans le Nord-du-Québec, et son écriture puise dans sa culture et ses traditions.
L’histoire du livre s’inspire en effet d’un conte inuit — que la chanteuse reprend aussi dans une de ses chansons, Fox. On y suit une renarde tombée du ciel qui se prend de fascination pour une famille d’humains et les suit au fil de leurs campements… Le livre, également disponible en langues anglaise et inuktitut, nous emmène tout droit dans le Nord, dans un dégradé de blanc de neige et de bleu-vert d’aurores boréales. On espère très fort qu’elle en publiera d’autres !
Mali Navia
Si elle est née et a grandi au Québec, Mali Navia a un père colombien, et cette double origine l’a toujours travaillée. C’est autour de ce thème qu’elle a écrit La banalité d’un tir, publié en 2022 chez Leméac. Elle revient notamment sur la disparition de son père en Colombie, une « disparition forcée » comme on les nomme là-bas, expression euphémique qui cache souvent une mort violente.

Et c’est avec cet événement entouré de mystère qu’il faut avancer et se construire. Car ce roman autobiographique est aussi l’histoire d’une jeune fille qui grandit dans la campagne estrienne au sein d’une famille bohème et métissée, et qui rêve d’être « normale ». L’auteure aborde les questions d’identité, de racines et de mélange des cultures, nous faisant voyager entre le Nord et le Sud. Comment se construire quand on ne se sent pas tout à fait d’ici, mais pas vraiment de là-bas non plus ?
Photo : Le Tan