Passerelle sectorielle : une entrevue gagnante

Un représentant d’entreprise et une candidate en recherche d’emploi reviennent sur leur rencontre dans le cadre du programme Passerelle sectorielle, proposé par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM).

Pouvez-vous nous décrire votre parcours au Québec ?

Ana : Originaire du Salvador, j’ai quitté mon pays natal depuis longtemps. D’abord pour le Mexique, puis la France, la Chine et enfin le Canada depuis quatre ans. Les premiers mois ont été consacrés à l’installation avec la famille, puis j’ai commencé à chercher un emploi en janvier 2020, trois mois avant la pandémie. Connaissant peu de gens, il m’était difficile de trouver des liens, mais une amie m’a dit qu’elle avait été aidée par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain [CCMM]. J’ai donc pris contact avec eux et j’ai rencontré des conseillères du programme Passerelle sectorielle.

Rémy : Je suis français, venu au Québec en 2015 et de manière alternative jusqu’à 2017 pour le Executive MBA à l’Université McGill. Mon secteur d’activité est le transport maritime, et j’ai travaillé en France, mais également au Danemark, au Nigeria et en Côte d’Ivoire. Je me suis installé à Montréal juste avant la naissance de mon fils puisque c’est ici que j’ai rencontré sa mère. À ce moment-là, je n’avais qu’un visa étudiant. En novembre 2018, j’ai débuté le programme de jumelage professionnelle de la CCMM, dès l’obtention de mon visa de travail. Mon activité professionnelle est le commerce international, avec comme compétence principale la finance, ce qui nécessitait une équivalence avec le métier de comptable professionnel agréé (CPA). J’ai envoyé beaucoup de CV. Une seule entreprise (Hapag Lloyd) m’a fait passer une entrevue et j’ai été pris chez eux dans un poste de management ne nécessitant pas cette équivalence.

Comment vous êtes-vous rencontrés ?

Ana : Les conseillères de Passerelle sectorielle m’ont orientée vers une activité de vente au détail. Ayant une expérience dans l’administration, vente et business, travailler quelques mois en tant que vendeuse au poste qui m’avait été proposé était idéal. Je pouvais me familiariser avec la culture d’entreprise et glisser progressivement vers un poste qui correspondait davantage à ce à quoi j’aspirais. Pourtant cela ne s’est pas passé exactement comme prévu, puisque les offres d’évolution n’étaient pas satisfaisantes. J’ai préféré être transparente avec ma conseillère en l’informant que je ne pouvais pas accepter la proposition sous cette forme. Elle l’a très bien compris et m’a orientée vers une activité de commerce international. J’ai rencontré beaucoup de représentants d’entreprises, dont Rémy, qui a un parcours d’immigrant qui m’a beaucoup plu. Nous sommes restés en contact, il a transféré mon CV à son entreprise et me voilà aujourd’hui y travaillant également.

Rémy : Quant à moi, j’avais bénéficié des services de la CCMM lorsque j’étais en recherche d’emploi. Je suis revenu par la suite pour partager mon expérience auprès d’autres immigrants, et enfin pour mon entreprise dans le cadre du programme Passerelle sectorielle.

Comment se passent l’accueil et l’intégration des personnes immigrants dans votre organisation ?

Ana : Sincèrement je ne sais pas s’il y a vraiment une différence entre les nouveaux arrivants immigrants et les locaux. Après mon arrivée, deux nouvelles personnes ont été embauchées, un Français et un Canadien anglophone. Ils ont été accueillis de façon identique. Personnellement, arrivée en pleine pandémie et même si tout était virtuel, cela n’a pas empêché les rencontres. J’ai eu droit à un parcours dans chaque département de l’entreprise afin de rencontrer les personnes clés. Elles savaient que je ne venais pas du milieu de l’industrie, mais ils ont répondu patiemment à toutes mes questions et étaient contents de m’accueillir. Il y a certainement des points à améliorer tels qu’organiser des activités pour se familiariser avec la culture de l’entreprise ou se connaître les uns les autres. Ou peut-être bénéficier d’un peu plus d’encadrement ?

Rémy : En fait, ce qui est compliqué aujourd’hui, c’est l’accueil post-pandémie. Pour moi, l’intégration d’Ana n’a pas été parfaite. Chez nous, on rencontre les VP des équipes, on apprend ce que font les différents services et comment ils sont interreliés, on comprend leurs enjeux. Une agence comme la nôtre a comme vocation de servir le client, via les opérations et le service qu’on lui offre. On a un lien qui doit être fort en interne et en externe pour pouvoir subvenir à ses demandes et c’est ce qui est compliqué avec la conjoncture.

Par contre, je ne pense pas qu’il y ait de différence au niveau de l’accueil des immigrants versus les autres. De plus, l’entreprise offre un support pendant un mois pour accompagner l’installation.

Pour finir, quels conseils donneriez-vous à un nouvel arrivant, particulièrement au sujet de l’intégration professionnelle ?

Rémy : Il faut se mettre dans un mode quasiment de chasse et ne pas craindre de mettre en avant son expérience précédente qui pourrait être transposable ailleurs.

J’ai ainsi conseillé une dame de 50 ans, qui se trouvait trop âgée pour être embauchée, de souligner qu’elle est une personne de la génération fidèle à son poste : « Je vais rester avec vous jusqu’au bout ».

S’il faut mettre ses compétences en avant, il faut aussi prendre un pas de recul par rapport à son expérience précédente afin de créer de la crédibilité. On peut se réaliser et évoluer rapidement ici. Il faut se demander ce que l’on peut apporter à l’entreprise et inversement. Les deux ou trois premières années peuvent être difficiles, mais une fois qu’on a passé la barrière de la sélection on est capable en tant qu’immigrants d’apporter une richesse par rapport au marché du Québec et d’y trouver sa place.

Ana : Je suis complètement d’accord avec Rémy, et ajouterais que trouver un travail est un travail en soi. Les choses ne tombent pas d’elles-mêmes. Pensez à actualiser votre profil LinkedIn, n’hésitez pas à solliciter votre entourage. Sachez qu’au Canada les méthodes et la mentalité sont différentes. Ici, les organismes guident et motivent les nouveaux arrivants. Il ne faut pas avoir honte de faire appel à eux, y compris si vous avez des postes de direction. D’autant que parfois, on a une idée de ce que l’on veut faire, et la porte ne s’ouvre pas forcément où on veut. On peut alors changer de métier sans jugement et se réinventer. Les gens sont prêts à investir en vous. C’est un autre pays, une autre façon de voir les choses…

A propos de Passerelle sectorielle

Le programme Passerelle sectorielle, organisé par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain avec la participation financière du gouvernement du Québec, est une solution virtuelle et gratuite de jumelage professionnel entre les talents issus de groupes sous-représentés sur le marché du travail* et les entreprises de Montréal. Le programme s’adresse aux résidents du territoire de l’île de Montréal, citoyens canadiens nés à l’étranger, résidents permanents, travailleurs étrangers temporaires ou ayant le statut de personnes protégées, tels les réfugiés.

*Professionnels sous-représentés sur le marché du travail en raison de leur âge, de leur appartenance à un groupe racisé ou à un peuple autochtone, d’une situation de handicap, de leur diversité de genre ou de leur orientation sexuelle.

Découvrez le programme

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Chambre de commerce du Montréal métropolitain

La Chambre de commerce du Montréal métropolitain compte 8000 membres. Sa mission est de représenter les intérêts du milieu des affaires de la région de Montréal et d’offrir une gamme intégrée de services aux entreprises.
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