Sans conteste, le vélo fait partie intégrante de l’ADN des Québécois. Pour les nouveaux arrivants, il peut vite devenir un des meilleurs moyens de s’intégrer dans la province, de socialiser et, pourquoi pas, de trouver un emploi.
« Quand tu arrives en mai à Montréal, la première chose que tu t’achètes, c’est un vélo », résume avec humour Jacques Sennecheal, Québécois d’adoption et rédacteur en chef de Vélo Magazine, magazine de référence sur le deux-roues. Difficile de ne pas l’avoir remarqué : avec l’arrivée des beaux jours, les cyclistes sont de plus en plus nombreux sur les routes et chemins de la province. Au Québec, le vélo, c’est du sérieux.
Selon les résultats d’une vaste enquête sur l’état du vélo, publiée par Vélo Québec en 2015, la province compte 4,2 millions de cyclistes, soit plus de la moitié de la population québécoise. « La pratique du vélo est très répandue et la progression du nombre de cyclistes est très marquée », indique Magali Bebronne, chargée de programme chez Vélo Québec. Les nombreux observateurs et acteurs du monde cycliste québécois s’accordent sur ce point : pour s’intégrer au Québec, rien de mieux que de se mettre en selle.
Découvrir la région et faire des rencontres
Louis-Philippe Bergeron a « grandi sur un vélo » et l’utilise comme unique moyen de transport. « Pour les gens qui s’installent, c’est un excellent moyen de découvrir la ville à moindres frais », explique le Québécois, qui a traversé le Canada d’est en ouest avec son deux-roues.
Laura Pedebas abonde dans son sens. La Française vit au Québec depuis quatre ans. En 2015, elle a parcouru à vélo un périple de 4 200 kilomètres en 64 jours à travers la campagne québécoise. « Ce voyage a été ma façon de m’inscrire sur le territoire et de connaître sa géographie. Cela permet de mieux se l’approprier et de rencontrer ses habitants », souligne la créatrice de Cyclonomade, un blogue où elle raconte ces aventures à deux-roues.
Certains nouveaux arrivants rejoignent aussi des clubs qui organisent des randonnées à vélo. Pierre Ménard, trésorier de Cyclonature, une association de cyclotourisme créée en 1974, explique : « Il y a des immigrants qui se joignent à nous pour faire des balades à vélo et ainsi, découvrir la campagne. C’est une manière de rencontrer des gens et de s’occuper à moindre coût. »
Le vélo, outil d’insertion sociale et professionnelle
Partie intégrante de la culture et de l’ADN des Québécois, le vélo est aussi utilisé à des fins de réseautage. À Montréal, le club de trafic de Montréal, l’Association cycliste en développement d’affaires (ACDA) ou le club des cyclistes exécutifs, pour ne citer qu’eux, proposent aux publics d’étendre leur réseau professionnel autour de la pratique de la petite reine. « Avec le vélo, la connexion se fait rapidement. Il y a un certain côté solidaire », souligne le rédacteur en chef de Vélo Magazine. Le ludisme du deux-roues permet de tisser des liens, même pour ceux qui éprouvent une certaine réticence à l’idée de pédaler.
À Montréal et ailleurs, le vélo est un vecteur
Des associations organisent des ateliers de réparation et d’initiation au vélo. Au parc Jarry, l’Atelier Culture vélo offre des cours pour adultes durant l’été. Le vélo et le casque sont fournis. Le tarif est de 20 $ CAN de l’heure. D’autres initiations sont organisées du côté de Saint-Michel.
Il y a un peu plus d’un an, l’organisation Cyclo Nord-Sud a créé Vélorution, un espace communautaire pour apprendre la mécanique vélo et a mis en place des initiations au deux-roues. « Notre but est d’apprendre aux gens à monter sur un vélo. Nous sommes dans un quartier multiculturel, du coup, cela s’adresse à des personnes surtout issues de l’immigration mais ce n’est pas notre cible », précise Charlotte Cordier, coordinatrice générale. Les activités d’initiation se déroulent entre fin juin et fin août et de 10 dollars pour les habitants de Saint-Michel et de 20 dollars pour les non-résidents.
« Le vélo demeure un outil de développement local et social », insiste la coordinatrice générale de Cyclo Nord-Sud. Pour le fun, pour se déplacer ou pour se créer un réseau, il suffit parfois de quelques coups de pédale pour réussir son intégration au Québec.
Autre initiative respectée et bien connue des Montréalais : SOS VÉLO et son projet ÉCOVÉLO de réinsertion professionnelle pour adultes en difficulté, basé sur la récupération, le recyclage, la remise à neuf et la revente de vélos usagers. Un projet à la fois durable et social, qui fait du vélo un véhicule vers l’emploi pour les plus démunis.
Crédit photos : Cyclo Nord-Sudv