Le 5 juin 2025, le ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration avait déposé ses propositions d’orientations, en marge de consultations publiques qui se sont ensuite tenues pour permettre aux citoyens et aux acteurs du milieu d’exprimer leurs arguments et leurs propositions.
Le gouvernement du Québec entend miser sur les programmes sur lesquels il a un contrôle direct pour « respecter la capacité d’accueil du Québec » et « réduire la pression sur [les] services publics, le logement, le français et les services d’intégration ».
Dans un document présentant ses orientations définitives, il précise qu’il se réserve le droit d’ajuster les seuils d’immigration permanente selon l’évolution de l’immigration, y compris ceux des demandeurs d’asile.
Immigration permanente
Sur le terrain de l’immigration permanente, le gouvernement a opté pour le scénario le plus généreux des trois qui avaient été présentés en juin — une générosité toutefois très relative, car il représente 15 000 admissions de moins qu’en 2025, soit une baisse de 25 %. Ce sont ainsi 45 000 personnes qui seront admises annuellement, toute catégorie d’immigration confondue.
Dans le détail :
- 10 000 personnes par an maximum seront admises dans le cadre du regroupement familial entre 2026 et 2029 ;
- 28 800 personnes par an maximum seront admises dans le cadre de l’immigration économique entre 2026 et 2029 ;
- Sur cette période, 5 750 réfugiés seront admis annuellement, ainsi que 450 autres relevant d’autres situations humanitaires ou autres.
Le gouvernement souhaite que 65 % des admissions permanentes aillent à des personnes déjà établies au Québec avec un statut temporaire.
De même, en ligne avec les objectifs fédéraux, il est prévu que 64 % de l’immigration permanente relève de l’immigration économique, afin de répondre aux enjeux de main-d’œuvre.
Immigration temporaire
Du côté des résidents temporaires, 65 000 titulaires de permis de travail maximum seront acceptés à l’horizon 2029, auxquels s’ajouteront 110 000 permis d’études, pour un total de 175 000 (contre un peu plus de 200 000 en 2025).
C’est la première fois que Québec propose des seuils en matière d’immigration temporaire, une compétence qu’il partage avec le gouvernement fédéral.
En 2026, 175 500 permis temporaires de travail ou d’études au Québec seront, au mieux, délivrés.
Le gouvernement demande toujours à Ottawa de limiter à 200 000 par an au Québec la délivrance des permis temporaires qui relèvent de sa seule compétence (essentiellement le Programme de mobilité internationale).
Il demande aussi encore une réduction de l’accueil des demandeurs d’asile et une meilleure répartition à travers le Canada. Québec souhaite d’ailleurs donner la priorité aux réfugiés ou en situation semblable qui sont déjà au Québec.
Pour rappel, cette dernière année, le nombre de résidents temporaires arrivant au Canada n’a cessé de baisser, et le Canada a connu une baisse de 33 % des demandes d’asile entre le 1er janvier et le 31 août 2025 et la même période en 2024 (en raison de restrictions aux frontières dans le cadre du Plan frontalier).
Abolition du PEQ
La planification 2026-2029 abolit le Programme de l’expérience québécoise (PEQ) à compter du 19 novembre 2025.
La longue agonie du PEQ ne date pas d’hier, et déjà en 2019 nous posions la question de sa survie. Le gel du second volet Travailleurs du PEQ, annoncé le 5 juin 2025, en même temps que la réouverture du Programme de sélection des travailleurs qualifiés (PSTQ), ne laissait que très peu d’espoir sur l’avenir du programme.
Cette pièce majeure de l’immigration permanente au Québec était l’une des seules voies d’immigration qui offraient une certaine prévisibilité, tant aux personnes qu’aux entreprises — et même, par extension, aux établissements d’enseignement. Ses deux volets « Diplômés du Québec » et « Travailleurs étrangers temporaires » étaient gelés jusqu’au 30 novembre 2025.
Les demandes déjà présentées dans le volet Travailleurs étrangers temporaires avant le 5 juin 2025 seront examinées par le MIFI.
Des mesures restrictives demeurent
Québec précise que la mesure concerne aussi les demandes dans le cadre du traitement simplifié et pour le renouvellement des permis de travail des personnes déjà à l’emploi à Laval et Montréal.
Renforcer l’immigration francophone et en régions
Les personnes immigrantes déjà au Québec seront favorisées, comme de nombreux acteurs économiques le demandaient, notamment en région. Québec vise une proportion de plus de 77 % de connaissance du français parmi l’immigration permanente.
Ainsi, dans le cadre du PTET, une connaissance du français de niveau 4 à l’oral sera exigée de toutes les personnes qui ont cumulé trois ans de travail au Québec pour obtenir ou renouveler un Certificat d’acceptation du Québec. Si la date d’entrée en vigueur de cette mesure est le 17 décembre 2025. Mais une mesure transitoire permet aux TET qui séjournent actuellement dans la province d’être aidés pour atteindre le niveau de français requis d’ici au 17 décembre 2028.
Les TET agricoles et les ressortissants étrangers qui occupent un emploi pour le compte d’un bureau d’une division politique d’un État étranger, ainsi que les employés internationaux d’organisations internationales non gouvernementales (OING) reconnues par le gouvernement du Québec sont exemptés de cette obligation linguistique.
Photo : Arno Senoner










