La danse contemporaine, c’est leur passion. Chaque année, environ 25 étudiants intègrent l’École de danse contemporaine de Montréal, reconnue pour sa créativité et la rigueur de son enseignement. Parmi eux, un tiers viennent de l’étranger, comme Zoé, arrivée cette année de France, ou Charles, Néo-Calédonien, diplômé en 2017.
Devenir interprète professionnel et s’illustrer sur des scènes nationales ou internationales, c’est le rêve de nombreux passionnés de danse contemporaine. Zoé Uliana est de ceux-là. « Être dans une compagnie, faire de la scène, ça m’anime depuis que je suis toute petite ». À 19 ans, après être passée par des centres de danse puis le Conservatoire du Grand Avignon en France, la jeune femme décide de traverser l’Atlantique pour poursuivre sa formation à Montréal. En juillet dernier, après plusieurs auditions, elle intègre la cohorte 2019/2020 de l’École de danse contemporaine de Montréal (EDCM) pour 3 ans.
Entre créativité et individualité
Les vidéos des diplômés postées par l’École l’ont attirée, désormais elle attend d’être bien préparée pour rentrer sur le marché du travail : « travailler la polyvalence dans les états de corps et d’interprétation, trouver une signature artistique qui m’est propre, développer mon imagination, tout ce qui est très important pour un danseur professionnel » souligne Zoé.
Cette école elle l’a aussi choisie pour son avant-gardisme. « Avant j’ai fait beaucoup de technique, là on travaille aussi de façon approfondie sur la créativité du danseur ainsi que sur des projets incubateurs. Ce qui me plaît aussi ce sont tous les chorégraphes invités, du Québec, du Canada, de l’international, ça nous permet de toucher à différentes approches de la danse contemporaine ».
Une vision internationale
Et l’internationalisme est partout à l’EDCM. Sur les 27 nouveaux étudiants de sa cohorte, outre de nombreux Québécois, plus du tiers sont français, d’autres encore viennent du Mexique, d’Espagne, de Suisse, du Canada anglophone… « C’est une grande richesse, on s’apporte beaucoup mutuellement, note-t-elle. Il faut être ouvert d’esprit quand on change de culture, c’est vrai que la danse contemporaine en Amérique du Nord est très différente, ce qui peut être assez déstabilisant, car il faut déconstruire les choses pour les reconstruire. »
« Se déconstruire pour se reconstruire », c’est avec ces mêmes termes que Charles Brécard parle de sa formation de 3 ans comme danseur interprète à l’EDCM. Autodidacte, formé à la danse urbaine, il a travaillé avec la plupart des compagnies de danse contemporaine de Nouvelle-Calédonie d’où il est originaire, avant de venir au Québec en 2013 pour y étudier la massothérapie et intégrer l’EDCM un an plus tard. Il en sort diplômé en 2017.
« Cette formation t’apporte une sensibilité qui va te servir toute ta vie, tu ressors de là profondément changé », témoigne-t-il. Avec l’École, il a notamment appris à créer et mouvoir son corps différemment, mais aussi accessoirement à développer son anglais. « Certains professeurs sont bilingues, certains chorégraphes uniquement anglophones, désormais je suis pratiquement bilingue ». Car si en danse contemporaine Montréal est au cœur d’une dynamique importante et vivante, les scènes internationales sont tout aussi attractives.
Construire l’avenir
Il ne reste pas moins qu’une fois le diplôme de danseur interprète en poche, « il faut se prendre en main et ne rien lâcher », insiste Charles. « Après l’école, j’ai effectué des classes de maîtres et des ateliers pendant trois semaines intensives à Berlin. J’ai aussi obtenu une bourse de perfectionnement avec Circuit Est. Je savais déjà que la réalité ne serait pas facile même si l’école nous y prépare ».
Au programme, des cours théoriques pour savoir rédiger une demande de bourse, savoir clarifier ses idées, présenter sa démarche artistique, apprendre la gestion de carrière… « Pendant notre formation, des acteurs du milieu de la danse contemporaine viennent nous voir lors des spectacles, l’école invite aussi une quinzaine de chorégraphes internationaux, ce qui nous permet de développer son petit réseau », explique-t-il.
Plus de 350 danseurs sont sortis diplômés de l’EDCM avec une reconnaissance importante par le milieu professionnel.
De son côté, Charles possède plusieurs cordes à son arc : massothérapeute, danseur interprète, chorégraphe… Après avoir collaboré avec plusieurs chorégraphes établis ou émergents tels que Andrea Peña, Andrew Skeels, Ismaël Mouaraki ou encore Parts+Labour_Danse, il multiplie aujourd’hui les expériences et les projets. « J’ai donné un workshop à Paris au Centre national de la danse qui m’a donné envie de me diriger également vers l’enseignement. De plus en plus, je me penche aussi vers la création, en ce moment notamment je présente une chorégraphie en duo pour un projet en 2021 ». Persévérant et passionné, Charles rêve de travailler ici comme en Europe. « Ce que j’aime avec la danse contemporaine, c’est que chaque danseur a sa propre voix », conclut-il.
Une voix que l’École contemporaine de danse de Montréal l’a aidé à trouver par lui-même.
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Infos et auditions à Montréal ou par vidéo : www.edcm.ca
Image de couverture : Zoé Uliana par Ilyas Guertili